INTERPRÉTATION DES MYTHES GRECS

                                                                                Aphrodite sur son cygne (détail) British Museum

Ce site présente une interprétation de la mythologie grecque, cohérente et complète, effectuée par l’application de clefs de décryptage qui ont été retrouvées par l’auteur et sont explicitées ci-dessous. Cette mythologie se révèle être une étonnante description imagée du chemin spirituel tel qu’il était connu au temps d’Homère.
Cette interprétation a été publiée sous le titre Mythologie grecque, yoga de l’Occident en trois volumes mais les textes qui figurent sur ce site en sont une version révisée et sont remis à jour au fur et à mesure des nouvelles compréhensions.

Est aussi présentée ici une étude concernant Les cycles du mental dans l’histoire ainsi que des ouvrages donnant des éléments de compréhension d’un poème de Sri Aurobindo intitulé Ilion qui traite des derniers jours de la guerre de Troie.

Interprétation de la Mythologie Grecque – Présentation

 

 

Comment naviguer sur ce site

Les pages du site ont été élaborées en suivant les chapitres des livres qui eux-mêmes suivent la progression sur le chemin spirituel, une fois les clefs de cryptage et la structure de la mythologie explicitées.

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– soit en recherchant dans la table des matière située dans l’onglet suivant « Mythes grecs interprétation », la page où figure le mythe ou le personnage recherché. Lorsque la page est ouverte, la recherche de l’emplacement précis se fait en appuyant simultanément sur Ctrl et F. Dans la fenêtre qui s’ouvre, taper alors le mot clef recherché.

– soit en tapant le mot recherché dans la fenêtre ci-dessus « Google Custom Search ». Sur chaque page ensuite sélectionnée , la même méthode de recherche par Ctrl+F peut être appliquée.

Les planches généalogiques qui constituent la structure de la mythologie figurent sous l’onglet correspondant. Elles sont indispensables à la bonne compréhension des mythes.

Sous l’onglet « Divers » figurent différents documents qui concernent l’ensemble de la mythologie tels que Les plans de conscience, Le tableau synoptique des lettres-symbole de l’alphabet ionien, etc.

A noter que dans le chapitre concernant les clefs de l’interprétation, les dessins des lettres archaïque des alphabets grecs et phénicien n’ont pour l’instant pu être insérés dans le texte.

Résumé des trois volumes de l’interprétation de la mythologie grecque

Le résumé donné ci-dessous suit les chapitres des trois ouvrages publiés. Toutefois la navigation sur le site peut se faire indépendamment de cette progression.
Le Yoga, selon l’origine sanscrite du mot, évoque un cheminement vers l’état d’« union » avec la Suprême Réalité. C’est souvent en Inde que notre civilisation en perte de sens en a cherché le secret, ignorant que la Grèce l’avait, elle aussi, dissimulé dans ses mythes.
Comment pourrions-nous croire en effet que les Grecs du temps d’Homère, il y a de cela environ cent quarante générations – c’est-à-dire nos frères aînés à l’échelle de l’évolution humaine – n’aient élaboré une immense fresque de plus de mille personnages qu’à des fins littéraires, historiques ou morales. N’est-il pas plus logique de penser qu’une élite ait transcrit sous forme codée ses connaissances les plus hautes dans le domaine de l’expérience humaine ?

Lorsque les clefs de cryptage sont appliquées de façon méthodique, nous découvrons alors progressivement un monument littéraire d’une grande complexité mais d’une parfaite cohérence. Cette mythologie se révèle alors une extraordinaire synthèse des différentes voies spirituelles.

L’interprétation présentée ici couvre la totalité des mythes grecs tels qu’ils figurent dans les ouvrages généraux dont principalement :
– Le travail remarquable de Timothy Gantz, Mythes de la Grèce archaïque, Ed. Belin 2004.
– The Routledge Handbook of Greek Mythology, de Robin Hard, Editions Routledge 2004.
Dans la mesure où cette mythologie expose les différentes voies du cheminement spirituel, les sources les plus fiables sont à la fois celles qui sont les plus anciennes – même si nous n’avons souvent accès qu’à des compilations tardives – et celles qui émanent d’initiés. De manière générale, nous avons pu constater que ces derniers se sont exprimés sous une forme poétique plus à même d’exprimer des vérités d’ordre supérieur au mental et parfois reçues directement par « inspiration ».
En dehors des poètes les plus connus tels Homère et Hésiode, nous nous sommes donc fondés sur les textes, fragments ou scholies des poètes Pindare, Bacchylide et Phérécyde ainsi que sur des textes du philosophe Stésichore.
Les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes servirent de base au décryptage du mythe de Jason bien que cet auteur ne nous paraisse pas compter parmi les « grands initiés », n’ayant parcouru qu’une partie du chemin. Ce texte est en effet le seul qui illustre de façon détaillée la quête des Argonautes, laquelle concerne les débuts du chemin jusqu’à la première grande expérience spirituelle.
Les auteurs tragiques ont été considérés avec beaucoup de prudence. Car pour étayer leur dramaturgie, ils ont humanisé les grands héros, introduisant des variantes étrangères au sens profond des mythes. Par jeu, nécessité de secret ou pour donner à leurs œuvres théâtrales une valeur d’édification morale, ils présentèrent certaines histoires à l’inverse de ce qu’un initié devait comprendre.

Eschyle, par exemple, glorifie les défenseurs de Thèbes pour montrer combien il était criminel de se retourner contre sa propre cité. Or le chercheur doit entendre à l’inverse que ce sont les attaquants qui sont dans le juste, le mythe traitant de la purification des centres d’énergie et du rétablissement d’une harmonie intérieure. Cela est illustré par l’échec de la guerre des Sept contre Thèbes puis par le succès de leurs fils, les Épigones, une génération plus tard.
Les œuvres des mythologues sont incontournables pour pallier au manque de sources. Toutefois, elles doivent être considérées avec prudence et corrélées avec celles d’autres auteurs. Parmi elles, la Bibliothèque d’Apollodore est d’un grand intérêt dans la mesure où l’auteur, bien qu’appartenant à une période tardive, semble avoir approché suffisamment le sens profond des mythes pour écarter les versions douteuses.
Nous avons parfois puisé chez les historiens, tels Pausanias ou Diodore, des indications complémentaires utiles.
Pour ce qui concerne la reconstitution des généalogies, le Catalogue des Femmes d’Hésiode a été considéré comme la source la plus fiable.
Un certain nombre de sites web, tels theoi.com, remacle.org, mythindex.com, etc. nous ont également fourni des compilations précieuses.
L’application des clefs de cryptage permet de fournir une interprétation cohérente pour la totalité des mythes, dans toutes leurs versions et dans tous les détails.
Le premier tome expose ces clefs indispensables au déchiffrement et les applique à l’étude des dieux de l’Olympe et de la Genèse du monde.
Le Tome 2 est plus particulièrement consacré aux débuts du chemin jusqu’à la première grande expérience de contact intérieur. Il comprend également l’étude des travaux d’Héraclès et « la grande erreur spirituelle » illustrée par le mythe du Minotaure.
Le dernier tome concerne les étapes avancées du yoga avec la grande réorientation décrite par la guerre de Troie, pour ceux qui ont atteint le stade de la « libération » en l’esprit. Il s’achève avec le dernier « retour », celui d’Ulysse vers Ithaque, qui initie le travail dans les profondeurs du vital et du corps.
Toutefois, au vu de l’étendue des connaissances nécessaires dans tous les domaines concernés – l’histoire de la Grèce archaïque, les différents dialectes, la linguistique, le symbolisme, l’histoire des religions, les expériences spirituelles, etc. – de très nombreuses études seront encore nécessaires pour préciser ou corriger certains points.

Tome 1

Le premier tome de cette interprétation de la mythologie grecque concerne essentiellement les clefs utilisées par les anciens pour que le sens réel des mythes ne soit accessible qu’aux seuls initiés. Parmi ces clefs, une attention particulière est apportée aux lettres-symboles ainsi qu’aux arbres généalogiques qui structurent l’ensemble des mythes.
Deux autres chapitres complètent ce premier ouvrage, l’un consacré aux dieux de l’Olympe, principales puissances spirituelles qui soutiennent la phase actuelle de l’évolution humaine, et l’autre à la genèse du monde et aux phases d’évolution pré-mentales de l’humanité.

Les clefs de l’interprétation

Cinq méthodes de cryptage ont été mises au jour :

– La première utilise les contenus symboliques des lettres de l’alphabet qui permettent la formation de noms propres dont le sens découle en partie de l’arrangement des lettres employées. Le plus souvent, ces noms (dieux, héros, personnages, lieux…), sont constitués d’une association de lettres signifiantes et de mots du langage courant pour former un rébus symbolique. Chaque lettre exprime, en accord avec son graphisme, une idée ou un archétype fondamental. Ainsi, le thêta Θ représentant « ce qui est à l’intérieur » et le N « l’évolution selon la nature », la déesse Athéna exprimant alors « la puissance spirituelle qui, dans l’homme, soutient la croissance de l’être intérieur » ou encore « le maître intérieur ».
Il y a tout lieu de penser que cette méthode de cryptage était déjà employée par les Égyptiens. Les Grecs, évoquant les signes égyptiens, les appelaient « Ta hiera grammata », les lettres sacrées, ou « Ta hiera glyphica », les hiéroglyphes, expression qui signifie « les (lettres) sacrées gravées ». Pourquoi « sacrées », si ce n’est qu’elles manifestaient, par leur tracé, un contenu symbolique révélateur des « choses sacrées ». Les Égyptiens eux-mêmes s’y référaient comme à « l’écriture des mots divins ».
Par une extension de la signification des lettres à celle des racines, et par une juste compréhension de la méthode de « rébus » utilisée, il est alors possible de définir précisément le sens de chaque nom propre.

La seconde méthode est liée aux sens véhiculés par les symboles élémentaires – images, nombres, etc. – sens, souvent multiples, que tentent d’approcher les « dictionnaires des symboles ». Toutefois, la prudence est de mise avec les indications données dans ces ouvrages, car les Grecs ont parfois repris des significations anciennes qui nous sont totalement étrangères. Ils ont par exemple emprunté aux Védas l’image de la vache comme symbole de la « lumière de Vérité », et non de la « Terre nourricière » ou de l’ « abondance » comme l’indiquent ces dictionnaires. Les troupeaux du soleil, Hélios, sont donc les « éclairs de Vérité » perçus par l’âme du chercheur tout autant que ses « réalisations ».
Cette catégorie comprend également les nombres comme symboles fondamentaux.

La troisième méthode est relative à une structure propre à la mythologie grecque, du moins dans l’usage étendu qui en a été fait, car elle était déjà en germe dans les mythologies d’Égypte et du Moyen Orient : les arbres généalogiques. Ils fournissent des symboles à ramifications multiples et permettent de jouer, par les filiations et les unions, avec quantité de notions telles que la progression spirituelle, la théorie et la pratique, la succession des plans de conscience, l’histoire de la spiritualité, les étapes du chemin, les conditions requises pour s’y engager ainsi que les nombreuses épreuves que le chercheur doit surmonter.
La connaissance de deux ou trois cents personnages (sur les quelques trois mille répertoriés) permet alors de se repérer facilement dans la progression spirituelle.

La quatrième méthode concerne les histoires elles-mêmes, assemblages cohérents de symboles élémentaires et de récits contenant les enseignements ou décrivant les expériences de façon allégorique.
À supposer que les symboles simples aient été déchiffrés sans erreur, la première difficulté est de situer l’histoire dans la progression spirituelle. La réponse est donnée le plus souvent dans les mythes eux-mêmes par l’indication d’un nombre de générations ou d’années « avant » ou « après » les grands repères tels que la Guerre de Troie, la quête de la Toison d’or ou encore la pérégrination des peuples ou des héros au travers de provinces et territoires réels ou imaginaires. D’autres indices plus ponctuels, tels que des parentés éloignées ou encore l’âge des héros, permettent de préciser la chronologie. Thésée, par exemple, avait plus de cinquante ans lors du rapt d’Hélène, et celle-ci était encore nubile.

La cinquième et dernière méthode est relative à un symbole unique, à la fois simple dans son graphisme mais très complexe dans son interprétation : le Caducée d’Hermès. Il contient à lui seul une connaissance ésotérique très vaste concernant les plans de conscience et leurs interactions, la circulation des énergies, etc. Mieux connu sous sa forme dynamique où il est représenté par deux serpents enroulés autour d’un bâton, il a été transcrit sous sa forme statique, dans la tradition cabalistique hébraïque, par le symbole de l’ « Arbre des Sephiroth » dénommé aussi « Arbre de Vie ».

 

La structure de la mythologie se présente donc selon une arborescence organisée non pas depuis les dieux, mais à partir des couples de Titans. Parmi ceux-ci, deux couples sont à l’origine des grandes lignées dans lesquelles se déroulent la plupart des grands mythes.

D’une part celui de Japet-Clymène qui expose le processus de l’évolution humaine par l’ascension dans les plans de la conscience mentale. Dans cette lignée, les enfants d’Atlas en décrivent les aspects théoriques, et ceux d’Hellen et de Protogénie les expériences que le chercheur peut rencontrer durant cette ascension.
Atlas symbolise le lien entre l’Esprit et la Matière car, les pieds sur la terre, « il soutient le vaste ciel de sa tête et ses bras infatigables ».
Dans la version d’Homère, ce n’est pas lui qui porte le ciel, mais « il connaît les profondeurs de toutes mers et veille à lui seul sur les hautes colonnes qui gardent le ciel écarté de la terre ». Le processus de séparation de la Matière et de l’Esprit intervenant dès les commencements de la vie, il connaît donc les profondeurs des mers. Il est en quelque sorte le garant de cette séparation tant que l’humanité n’a pas franchi la totalité des étapes représentées par ses enfants.
Si Atlas tient séparé l’Esprit de la Matière, il est aussi la puissance qui fait le lien entre ces deux pôles, et plus précisément entre le sommet de l’évolution vitale et le monde Supramental. Les Anciens lui donnèrent donc pour compagne Pléioné, une Océanide, dont le nom signifie « ce qui emplit (de conscience) ».
Ses enfants, les Pléiades, représentent le vide qu’il faut combler, les échelons qu’il faut gravir dans la conscience mentale pour retrouver l’unité perdue. Leur présence dans les différentes branches généalogiques constitue donc un indice très important sur l’étape du chemin concernée.

L’autre couple de titans est celui d’Océanos-Téthys qui décrit le processus d’évolution selon la nature et celui de la purification/libération de l’être, selon le déploiement des courants de conscience-énergie symbolisés par les grands fleuves et les Océanides.
Les autres lignées des Titans permettent de situer les forces que l’on rencontre sur le chemin spirituel, agissant comme des obstacles ou des soutiens. Parmi elles, toutes les sortes de divinités appartenant à différents plans de conscience : les dieux de l’Olympe qui agissent le plus souvent par l’intermédiaire du mental, mais aussi les divinités qui travaillent dans les hauteurs de l’esprit ou à la racine de la vie tels les « vents » ou les « étoiles ». Parmi ces dernières figure la plus remarquable, Éosphoros « le messager de l’aurore » (aussi nommé Phosphoros « le porteur de lumière », Lucifer chez les latins), car il précède l’aube. Il est annonciateur du contact avec l’âme, d’où sa place particulière parmi les autres étoiles.
D’autres lignées sont dédiées à des mouvements particuliers du yoga, comme par exemple celle des rois d’Athènes « ceux qui dirigent la croissance de l’être intérieur » ou celle de Tantale « l’aspiration ».

Dans ce premier tome, une place particulière est donnée aux dieux de l’Olympe car ce sont les forces les plus immédiatement perceptibles par l’homme actuel. Car si ce sont des puissances extérieures à l’homme – ayant leur réalité indépendante et pouvant se jouer de lui selon leur propre finalité – le chercheur peut aussi apprendre à les voir jouer en lui et progressivement en devenir le maître.
Ainsi, Zeus en nous est ce qui aspire à croître, à nous dépasser, à franchir ce qui nous limite et nous enferme. Héra, femme de Zeus, est ce qui, en nous, protège des conséquences des excès de l’extériorisation de son époux, ce qui pose des limites, et surtout nous convie sans cesse à un recentrage. Et leur fils Arès nous appelle à renverser les habitudes, à remettre en cause nos certitudes, à fuir la tiédeur qui est refus de l’engagement. Il est la force qui tranche, celle que craignent les faibles mais qui est appréciée des forts.
Enfin, un chapitre est consacré à la Genèse du monde et aux différents processus qui ont contribué à ce qui fut appelé « la Chute ».
« Le premier de tous, naquit Chaos, et ensuite Gaia aux larges flancs – base stable des immortels maîtres des cimes de l’Olympe neigeux – les étendues brumeuses du Tartare, et Éros, le plus beau des dieux immortels, qui détend les membres, et qui, en tous les dieux et tous les humains, gouverne au fond des poitrines le juste vouloir et l’intelligence. »
Dans ce récit d’Hésiode, apparaît d’abord le « Chaos ». L’habitude est de donner à ce mot le sens d’une béance, assimilé au tohu-bohu de la Genèse, à un monde « vide et vague ». Mais ici, aucune connotation de désordre ou de confusion. Et si persiste une idée de vacuité, c’est celle d’un vide qui contient potentiellement tout.

En même temps que les Titans apparurent les Cyclopes pourvus d’un seul œil au milieu du front, symboles de l’« Omniscience », ainsi que les « géants aux Cent Bras », expression d’une puissance qui agit avec précision, habileté, et efficacité en chaque point comme en tous les points, simultanément et sur tous les plans, aussi appelée « Omnipotence » et « Omniprésence ».
Et nous pouvons comprendre comment se manifestèrent dans l’évolution, par l’union de Typhon « le principe d’ignorance » et d’Échidna « la perversion de l’évolution », les quatre grands monstres que sont Orthros « le mensonge », Cerbère « la mort comme gardienne de la réalisation ultime de l’unité », l’Hydre de Lerne « le désir et la souffrance qui en découle » et la Chimère « l’illusion ».
Orthros, symbole du mensonge, engendra avec sa propre mère Échidna deux autres monstres, conséquences de cette perversion mentale : Phix ou la Sphinge, symbole de la sagesse pervertie, à laquelle Œdipe devra se confronter, et le lion de Némée, image de l’ego, avec son orgueil et son insensibilité.

Parallèlement aux lignées Ouraniennes qui exposent l’évolution de la conscience humaine, sont abordées les étapes du développement de la vie dans la lignée de Pontos.
Nérée « le vieillard de la mer » sincère et véridique exprime le jaillissement de la Vie hors de la matière. Ses filles, les Néréides, incarnent les états d’épanouissement et les pouvoirs de la Vie que l’homme devra (re)conquérir en descendant vers les racines de la conscience cellulaire.
Thaumas, le deuxième niveau évolutif, représente, avec ses filles, les fonctionnements les plus primitifs de la vie : Iris est la messagère des dieux, celle qui fait la jonction entre la matière cellulaire et la conscience, l’image du système nerveux naissant, et les Harpies sont les symboles des forces qui assurent l’homéostasie ou les renversements nécessaires à l’évolution.
Phorcys et Céto définissent le stade d’apparition de l’ego animal, depuis la première mentalisation de la vie durant laquelle se forment les rudiments de mémoire et de conscience réflexive symbolisées par leurs enfants « les Grées » qui n’ont qu’une seule dent et un seul œil qu’elles s’échangent. Une autre fille du couple est célèbre, la Gorgone Méduse : la peur qui pétrifie.
Eurybié « la vie pleinement réalisée » clôt cette progression. Elle appartient encore à un stade futur d’humanité.

Tome 2

Après avoir exposé dans le premier tome les clefs de décryptage et la structure générale de la mythologie, l’auteur présente en introduction à ce deuxième tome la structure de la conscience. Celle-ci n’est ni arbitraire ni imaginaire mais résulte de l’expérience de nombreux mystiques de tous les temps.
En effet, sa connaissance constitue une base indispensable pour rapprocher les mythes des différentes catégories d’expériences et de réalisations.
Une ignorance de cette structure et des voies qui en découlent peuvent conduire à s’égarer sur des voies de garage ou à prendre des expériences modestes pour des réalisations ultimes, si tant est que de tels errements ne soient pas aussi une nécessité pour l’évolution de ceux qui les vivent.
Car tous ces plans ne sont pas seulement des expériences subjectives mais bien des domaines de la conscience peuplés d’êtres, d’entités et de hiérarchies qui évoluent selon leurs lois et leurs rythmes propres.
Dans cette introduction, sont précisées des notions telles que l’ego, le Soi, l’être psychique, le conscient, le subconscient, l’inconscient, le nescient et le supraconscient, ainsi que la différence entre les expériences et les réalisations, telles que Sri Aurobindo les a définis.
«  Le Soi est la partie individualisée du Divin et pourtant impersonnelle (sans conscience d’ego) qui d’au-dessus soutient l’être individuel en étroite liaison avec son délégué dans l’incarnation, l’âme, qui développe autour d’elle l’être psychique. (…)
L’ego – ou plutôt conscience d’ego car il s’agit d’une déformation de la conscience – est une représentation erronée de nous-mêmes à laquelle nous accordons à tort une certaine unité et cohérence.
Il résulte de la perception, du sentiment et même de la sensation de nous-mêmes comme d’un être séparé, distinct des autres êtres et du reste du monde, auquel nous nous identifions. Il imprègne non seulement le mental mais aussi le vital et le corps.
D’où une identification avec nos habitudes, nos modes de pensée usuels, et de manière générale, tout ce qui nous donne le sentiment d’une permanence. Cette conscience, se percevant non seulement comme un centre séparé, mais aussi comme « le » centre, ramène tout à elle-même. Elle se projette constamment à l’extérieur pour situer le « moi » par rapport au « non-moi ». Ou encore, elle nous projette dans une fausse image de nous-mêmes.
En fait, il faut distinguer entre le mouvement juste et sa déformation. Car l’ego est la déformation d’une volonté juste d’existence séparée tout comme le désir est une déformation d’une volonté juste de posséder. Mais cette volonté séparatrice aurait dû rester dans le cadre de la subordination à l’Absolu et non assumer cette séparation de son propre droit. »
Nous pénétrons alors sur le sentier spirituel avec l’exposé des mythes qui permettent d’avoir une claire vision, si ce n’est des buts, du moins de la nécessaire progression dans les plans de conscience et du processus de purification qui conduit vers « l’exactitude » et la « libération ».
Ainsi, le développement du mental logique qui, selon le mythe de Sisyphe, ne cesse d’échafauder laborieusement des hypothèses qui aussitôt s’effondrent, permet aussi de vaincre l’illusion : la Chimère que tuera le fils de Sisyphe, Bellérophon. Le mythe de Sisyphe, personnage qui incarne la loi de l’effort, montre aussi que l’effort n’est plus opératif dans les derniers stades du yoga, ceux qui abordent la conscience cellulaire.

Les bases théoriques de la purification sont ensuite explicitées avec les six premiers travaux d’Héraclès :
– La mort du Lion de Némée affirme comme objectif ultime la libération de l’ego (qui est volonté d’affirmation de soi)
– La victoire sur l’Hydre de Lerne concerne la libération du désir dont la racine est la convoitise vitale provenant d’une déformation de l’énergie de vie due à l’ignorance et à l’arrêt de l’évolution dans l’union. Le crabe qui vient en aide à l’Hydre représente ce que l’on a coutume d’appeler la « saisie », c’est-à-dire le mouvement spontané et instinctif qui conduit à vouloir s’emparer de ce que l’on croit ne pas posséder.
Avec cette double libération cesse la souffrance psychologique.
Les quatre travaux suivants précisent certaines modalités ou nécessités de cette libération de l’esprit :
– avec la Biche de Cérynie, une aspiration et une purification de l’intuition de ce qui la parasite, en vue de l’intégrité et de la consécration.
– avec le Sanglier d’Érymanthe, le nécessaire rejet des impulsions et mouvements les plus grossiers de notre nature.
– avec le nettoyage des Écuries d’Augias, le renoncement aux « bénéfices » des premières expériences sur le chemin.
– enfin, avec les Oiseaux du lac Stymphale, la capacité de discerner la confusion des plans (mental et vital) et l’obtention d’une relative maîtrise de nos mouvements mentaux et de la paix en résultant.

Puis les premiers enfants d’Éole, dans la lignée duquel se situent les expériences correspondant à l’ascension des plans de conscience, nous conduisent pas à pas jusqu’à la première grande expérience de contact avec l’Absolu telle qu’elle est contée dans la quête de la Toison d’or.
A travers l’étude de ce dernier mythe rapporté par Apollonios de Rhodes, nous parcourons avec Jason et les argonautes les étapes préliminaires du chemin : la quête des formes spirituelles exotiques, la rencontre du Maître ou de la Voie, les mémoires karmiques, etc.
Parmi les expériences figure la première rencontre avec les états d’engloutissement et de dissociation :
« Puis les héros arrivèrent comme l’avait prévu Héra aux abords de Charybde et Scylla, au « carrefour des routes de la mer ». Thétis et ses sœurs les Néréides arrivèrent de toute part pour porter assistance aux héros. Évitant les lieux maudits, elles orientèrent le navire vers les Planctes, et jouant avec le navire comme avec une balle qu’elles se seraient renvoyée, lui firent traverser sans risque le passage dangereux ».
À ce moment du chemin, tous les éléments sont en place pour que se produise une terrible épreuve psychique, de type schizoïde ou maniaco-dépressive (Charybde et Scylla). Mais dans cette phase, le chercheur en est protégé et n’en a qu’un avant-goût.
Comme le chemin spirituel est un mouvement spiralé dans lequel on passe à travers les mêmes séries d’expériences mais à chaque fois sur un plan plus élevé, c’est Ulysse qui, beaucoup plus tard, affrontera les deux monstres.
Le point culminant du mythe est le récit de la première grande expérience elle-même :
« Puis les héros furent terrifiés par une espèce de nuit qu’on qualifie de sépulcrale : cette nuit sinistre, ni les étoiles ne la perçaient, ni la clarté de la lune. Ce n’était qu’une noire béance émanée du ciel ou bien je ne sais quelles ténèbres surgies du plus profond des abîmes. Jason invoqua alors Apollon. Dans son angoisse, ses larmes ruisselaient. Le dieu l’entendit et brandit son arc qui alluma tout alentour une éblouissante clarté. Une petite île escarpée apparut qu’ils appelèrent Anaphé, l’Île de l’Apparition. »
Cette expérience de la « nuit sépulcrale » et de « l’éblouissante clarté » qui lui succède constituent les expériences les plus marquantes que peut vivre un chercheur lors de cette première grande expérience d’illumination.
A ce stade, le chercheur est parvenu à une vaste ouverture de conscience, représentée par Europe dont le nom signifie « une vision étendue ».

Mais tant il est vrai que toute ascension entraîne automatiquement une descente dans les plans de la nature extérieure pour purifier le plan correspondant, le chercheur est averti des dangers encourus s’il se fourvoie dans la terrible impasse du Minotaure. Car cette épreuve semble une conséquence presque inéluctable des premières grandes expériences.
Le Minotaure est en effet le fruit d’une expérience de l’âme allié à une puissante capacité de réalisation : l’union de Pasiphaé, fille du soleil, avec le taureau envoyé par Poséidon.
Par deux fois, le chercheur fait appel à son habileté mentale (Dédale) : une première fois pour « lier » sa puissance de réalisation du mental lumineux à son expérience spirituelle (l’union de Pasiphaé et du taureau), une seconde fois pour consolider le fruit de l’union par une forteresse mentale dont on ne peut s’échapper.
« Dédale construisit alors un immense labyrinthe-palais pour héberger le Minotaure. C’était une demeure aux détours tortueux. Il avait la particularité que nul ne pouvait retrouver la sortie une fois qu’il y était entré. »
Le chercheur se leurre lui-même car Dédale n’est pas le représentant d’une puissance pervertie en elle-même mais celui d’un outil qui se met au service de la force pervertie. Il excelle simplement à construire des « systèmes » qui trouvent en eux même leur propre justification et finalité. La seule erreur initiale réside dans le fait que le taureau n’a pas été sacrifié par manque de purification de l’intelligence discernante.
Pour mettre fin à l’erreur du Minotaure, il faudra attendre l’intervention de Thésée « la conscience agissant depuis l’intérieur », fils d’Aéthra « la clarté mentale ». Il appartient à la lignée des rois d’Athènes qui dirigent la croissance de l’être intérieur.

Puis l’auteur aborde la lignée d’Océanos. Les noces de Cadmos et d’Harmonie nous introduisent dans le cheminement vers l’exactitude par le travail de purification. L’une des branches de cette lignée conduit vers Dionysos, symbole de la voie de « l’ivresse divine » ou de « l’extase », et aborde les mythes relatifs à ce héros tardivement divinisé.

Le dernier chapitre propose une interprétation des derniers travaux d’Héraclès qui concernent les phases les plus avancées sur le chemin spirituel et qui seront développées dans le dernier tome.
Les deux premiers, Le Taureau de Crète et Les Juments de Diomède, traitent de la capacité à contenir sans artifices la puissance réalisatrice du mental lumineux et à dépasser l’attrait pour les ascèses excessives. Il s’agit ni de laisser libre cours à l’énergie, ni de contraindre la force vitale. En d’autres termes, le chercheur parvient au terme de ces deux travaux à une certaine perfection sous la domination du mental, celle du sage ou du saint.
La seconde phase de la progression vers l’union avec le Divin (ou « vie unitive ») est essentiellement marquée par la croissance de la flamme intérieure. Cette chaleur progressive du courant vers l’union mystique est illustrée par le fleuve Thermodon « la chaleur (ou l’ardeur) de l’union » à l’embouchure duquel les Amazones ont leur capitale.
Elle comporte deux libérations successives. Celle d’un « accomplissement de la maîtrise » avec La Ceinture de la reine des Amazones et une première étape dans la « libération de la nature » avec les Troupeaux de Géryon.
Cette dernière exige de transcender les trois modes de la nature (les « gunas ») non seulement dans la passivité de la nature extérieure mais aussi dans l’action. Elle marque la phase culminante du feu intérieur et ouvre grandes les portes aux pouvoirs de l’âme (ou de l’être psychique) qui sont encore de l’ordre du miracle pour la plupart des hommes et sont figurés par les Troupeaux de Géryon.

Mais ce n’est toujours pas le bout du chemin, et le chercheur devra écarter toute tentation d’user de ces pouvoirs s’il veut poursuivre sa route vers la Connaissance et vers la transformation du corps afin que l’Absolu le conduise à sa perfection. Ces réalisations font l’objet des deux ultimes travaux, la descente dans l’Hadès pour en ramener Cerbère et le périple pour rapporter les Pommes du jardin des Hespérides. Ils se déroulent en des lieux purement symboliques, ce qui exclut à priori toute possibilité de total accomplissement aussi bien pour les initiés de la Grèce antique que pour ceux de l’humanité actuelle. Ceci explique que leur place ait pu être intervertie selon les auteurs. Représentant une évolution concernant les millénaires à venir, ils peuvent cependant déjà recevoir un début de réalisation.
Les Pommes du Jardin des Hespérides symbolisent la « Connaissance » qui sans cesse recule au fur et à mesure de l’évolution humaine.
La tâche qui consiste à ramener à la surface Le Chien de Cerbère représente quant à elle une première investigation de la transformation du corps, une remontée à la conscience de ce qui empêche ou « garde » sa divinisation, c’est-à-dire prévient d’une transformation prématurée.
Le peu de visibilité des anciens sur le degré d’avancement nécessaire pour entreprendre ces deux derniers travaux explique que certains initiés aient situé à la fin du dixième travail (les troupeaux de Géryon) l’ultime limite des réalisations possibles dans le yoga qui fut marquée par les fameuses « colonnes d’Hercule ». L’on comprend mieux que le poète Pindare se soit exclamé qu’il était impossible de traverser la mer inviolée au-delà des colonnes d’Héraclès.
Mais les aventures du héros ne prennent pas fin ici car les « travaux » (athloi) se poursuivent avec les « actes libres » (praxeis) qui sont étudiés dans le dernier tome

Tome 3

Le troisième tome traite des étapes les plus avancées du yoga qui conduiront le chercheur jusqu’au grand retournement de la guerre de Troie qui initie le travail dans les profondeurs du vital et du corps.
Plusieurs grandes aventures héroïques marquent la période qui précède :
– La guerre des Lapithes contre les Centaures qui aide le chercheur à débusquer en lui des attitudes erronées bien dissimulées sous des apparences trompeuses, parmi lesquelles la déviance du Lapithe Ixion « l’orgueil spirituel » qui peut encore se manifester loin sur le chemin.
– La chasse au sanglier de Calydon à laquelle participèrent tous les plus grands héros :
« Artémis envoya un gigantesque sanglier solitaire, sauvage et aux blanches défenses qui venait chaque jour ravager le verger d’Oineus. Méléagre prit le commandement d’une troupe de héros pour le pourchasser » .
Et pour la première fois dans les mythes, une femme fit partie de la troupe des chasseurs-guerriers, Atalante « l’égalité », secondant Méléagre « celui qui travaille à l’exactitude ». C’est en effet seulement « l’égalité » ou « l’équanimité » qui permet de faire ce travail dans les profondeurs.
– Les guerres de Thèbes : celle des Sept qui vit les enfants d’Œdipe s’entretuer, puis celle des Épigones qui marque l’accomplissement du travail de purification de tous les centres ou chakras.
Avant même que ne commencent ces deux guerres, le chercheur doit s’être délivré d’une terrible erreur, celle de la fausse sagesse : en effet, lors de son arrivée aux portes de la ville, Œdipe dut vaincre Phix ou la Sphinge« l’arrêt de la pénétration de la conscience dans l’être », symbole d’un simulacre de sagesse. Cette Sphinge était la fille qu’Orthros « le mensonge » engendra avec sa propre mère Échidna « l’arrêt de l’évolution dans l’union ».

Puis sont examinées plusieurs lignées parmi lesquelles celles des héros qui interviennent dans la guerre de Troie :
– La lignée de Tantale qui marque l’évolution de « l’aspiration » et où figurent Agamemnon et Ménélas, les moteurs de la guerre.
– La lignée royale troyenne dans la descendance de la Pléiade Électre, symbole du plan du mental illuminé.
– La lignée royale de Spartes concernant « ce qui est ensemencé » dans laquelle prend place l’enjeu de la guerre, Hélène « la direction évolutive la plus vraie », qui appartient au plan suivant, celui du mental intuitif.
– Celle du fleuve Asopos avec son illustre descendant Achille « celui qui travaille à parachever la double libération du mental et du vital » qui consacrent les états de sagesse et de sainteté ». Comme roi des Myrmidons « les fourmis », il s’occupe de la purification dans les profondeurs par le yoga des infimes mouvements de la conscience, seule direction du yoga qui permettra la victoire finale des Achéens.

L’auteur nous livre alors une interprétation détaillée des deux grands mythes de l’antiquité grecque :
– L’Iliade ou la grève d’Achille, qui explique que la libération en l’esprit n’est pas l’accomplissement ultime et que le chercheur doit désormais chercher non plus une libération individuelle, mais celle de l’humanité entière qui passe par le plus difficile des yogas, celui du corps.
– L’Odyssée qui expose les étapes les plus avancées connues aux temps des anciens grecs où l’on s’aperçoit que le travail spirituel se développe selon un mouvement spiralé dans lequel le chercheur retrouve, sur des niveaux toujours plus profonds, ce qu’il a déjà rencontré dans le mental et dans le vital. Ce qui explique l’apparente similitude de bien des exploits de Jason et d’Ulysse.
Entre ces deux derniers chapitres figure une étude des derniers exploits d’Héraclès, les « praxeis » ou « actes libres » » qui parachèvent les douze travaux ou « athloi », ouvrant ainsi les voies du futur.