CRIOS : LES GRANDS VENTS BORÉE, NOTOS, ZÉPHYR, EURUS ET LA DÉESSE HÉCATE

Print Friendly, PDF & Email

Crios uni à Eurybia exprime les forces par lesquelles s’accomplit le mouvement divin de retour vers l’origine (ΚΡ+Ι). Dans sa descendance figurent les quatre grands vents Eurus, Notos, Zéphyr et Borée, ainsi que la déesse Hécate.

Voir Arbre Généalogique 6

Hécate tenant deux torches et dansant devant un autel

Hécate tenant deux torches et dansant devant un autel – British Museum

Cette page du site ne peut être vraiment comprise qu’en suivant la progression qui figure sous l’onglet Mythes grecs interprétation et suit le cheminement spirituel.
La méthode pour naviguer dans le site est donnée sous l’onglet Accueil.

Ici, l’épouse du Titan n’est pas l’une de ses sœurs, une Titanide, mais une fille de Pontos (la Vie) se nommant Eurybia (ou Eurybié) « vaste force », le plan le plus élevé du vital. Il y a donc tout lieu de penser que cette union est temporaire et travaille à dynamiser le mouvement de retour. Lorsque ces forces chargées de reconnecter la totalité de notre être à sa source divine auront rempli leur but, successivement sur les plans du mental et du vital, Crios retrouvera son épouse légitime, probablement la Titanide Thémis, « la loi Divine ».

Le couple eut trois fils, Astraéos, Persès et Pallas (cf. Planche 6).

Le premier, Astraéos (étoilé), s’unissant à la déesse Éos « le déesse de l’aurore (le Nouveau) », est à l’origine des « lumières divines » (ou prises de conscience) que sont les « étoiles », et des « aides divines » que sont les quatre grands « vents », sur le chemin du retour à l’Unité.

Le second, Pallas « la force qui aide à établir la libération totale (esprit et nature) », par son union avec Styx « réalisation d’une intégrité totale », évoque les puissances qui deviendront disponibles à l’homme lorsque la réunion corps-esprit sera effective.

Enfin, Persès « la puissance de transformation », par son union avec Astéria « une infinité de points lumineux (étoilée) », décrit la multitude de transformations requises pour parfaire cette évolution, permettant l’influence progressive de la déesse Hécate « celle qui vise des buts lointains » ou « celle qui est hors de l’aveuglement de l’esprit », la divinité qui doit régner sur l’avenir de l’humanité.

Astraéos (Astraios)

Astraéos, s’unissant à la déesse de l’aurore Éos, représente l’action d’une multitude d’états de conscience lumineux (conscience étoilée, points de matière-lumière) qui doivent conduire vers l’éternel Nouveau, Éos, par la maturation de l’être psychique. Leurs enfants sont donc « les aides spirituelles » qui permettent la croissance de ce dernier. Les anciens les ont classées en deux catégories, les « étoiles » et les « vents ». Ce sont respectivement les aides passives et actives de l’Absolu : les « étoiles » guident l’homme qui aspire, les vents le « bousculent » ou le « soutiennent » selon les nécessités de son évolution. Ces derniers ont été très tôt « anthropomorphisés » dans l’Église chrétienne encore imprégnée de culture grecque. Les théologiens les nommèrent « anges », du grec αγγελος, mot qui signifie « messager » mais ils gardèrent parfois l’image grecque des vents pour décrire ces forces.
Ce sont les vents des quatre points cardinaux symboliques : Borée le vent du Nord, Notos le vent du Sud, Euros (ou Eurus) le vent d’Est et Zéphyr le vent d’Ouest.
Ils ont chacun une tâche spécifique correspondant à cette direction symbolique, intervenant fréquemment dans les récits de la quête de la Toison d’or, de l’Iliade et de l’Odyssée, pour aider, stimuler ou entraver de façon salutaire le cheminement des héros. Ils indiquent la « tendance » de la phase correspondante, les aides que le chercheur reçoit ou les obstacles qu’il doit surmonter.
Comme leur tâche est tout autant de soutenir que de redresser les erreurs, leurs manifestations tumultueuses peuvent sembler rudes au chercheur. Le plus souvent, ce sera Poséidon, le dieu du subconscient qui, réactivant des nœuds émotionnels, soulèvera ces vents en bourrasques ou en tempêtes contre les héros.
Il ne faut pas les confondre avec la multitude des vents mineurs, redoutables et nocifs, qui mettent en péril les marins, détruisent les moissons et qui eux sont issus de Typhon « l’ignorance » (cf. Typhon au chapitre 3). Ces vents nocifs sont les manifestations de surface que Typhon, vaincu par Zeus, anime depuis le Tartare. L’homme inconscient, ils le malmènent au gré des forces de la nature, et le tirent vers le bas.
Il y a donc lutte entre les quatre grands vents « sollicités » par l’âme et ceux qui s’opposent à l’évolution de toute leur forces et maintiennent sous leur joug la presque totalité de l’espèce humaine.

Il n’est pas très facile de déterminer précisément les caractéristiques de ces grands vents car les anciens semblent les avoir décrits chacun selon leur expérience propre. Nous resterons ici au plus près du texte d’Homère qui, selon les étapes du chemin, faisant varier leur intensité de la douce brise à la tempête, voulut donner une « impression » générale de la difficulté du passage considéré. Toutefois, la force appliquée (par l’Absolu) est proportionnelle à la résistance. D’autre part, la perception que chacun peut en avoir est variable, selon sa nature et sa progression dans un domaine particulier.

Borée

Borée enlevant Oreithyia

Borée enlevant Oreithyia – Musée du Louvre

Borée est le vent du Nord, froid et sec. La saison qui le caractérise est l’hiver.
C’est le vent de l’ascèse spirituelle. Sa terre d’élection est la Thrace, la province située le plus au Nord de la Grèce et considérée comme le pays froid par excellence. Avec les lettres structurantes de son nom, Β+Ρ, il représente la force qui accompagne le processus d’incarnation (Β), en accord avec le mouvement divin (Ρ).
« Vent » de l’ascèse, il est longtemps celui de l’effort. Effort qui peut être excessif et égarer le chercheur. Aussi rencontre-t-on en Thrace les déviances d’une ascèse mal conduite ou trop violente. Comme Diomède le Thrace « celui dont la pensée est tournée vers le Divin», qui nourrissait ses chevaux de chair humaine et qu’Héraclès devra affronter dans son huitième travail.

Mais l’effort spirituel bien conduit peut générer des résultats extraordinaires, en particulier en élevant les vibrations du vital : selon Homère, Borée, transformé en un cheval aux crins d’azur, couvrit les juments d’Érichthonios qui eurent de lui douze pouliches. Celles-ci couraient sur les épis de blé sans les courber et parcouraient le large dos de la mer sur la cime des vagues.
Érichthonios est l’un des premiers rois d’Athènes. Il gouverne donc les débuts de la quête. Durant cette période, le chercheur est conduit à apaiser ses réactions émotionnelles afin que les somatisations soient réduites au minimum. Mettant son mental le plus élevé et purifié à contribution (crinière bleue), ni il abîme les fruits de son travail, ni ne se laisse troubler par les remous émotionnels ou vitaux.

Dans un passage de Pausanias, Borée a des serpents à la place des pieds, ce qui exprime sa contribution à l’évolution de la matière dans l’incarnation.

Il s’unit à une fille du roi d’Athènes (Érechthée) nommée Orythie, « celle qui s’élance impétueusement sur la montagne (la montagne est le symbole du chemin spirituel) ». Cette union apporte à l’ascèse une ardeur d’élévation et d’aspiration.
Comme on le verra, les rois d’Athènes « dirigent » la construction de l’être intérieur, l’être psychique. Érechthée est le septième roi, un fils de Pandion « celui qui s’est donné totalement à la Vérité (ou à l’union en conscience Pan+ΔΙ) », c’est-à-dire un chercheur relativement avancé sur le chemin.
De son union avec Orythie naquirent deux enfants, Calaïs « l’aspiration (de la racine καλ appeler, + I)» et Zétès « celui qui cherche, qui s’efforce (issu de Ζητεω) ». Ils représentent les bases de la quête, l’une issue du psychique, l’autre plus volontaire. Nous retrouverons ces deux personnages à de maintes occasions. Ils sont surtout célèbres pour avoir poursuivi très longtemps les Harpies lors de la quête de la Toison d’Or.

Orythie donna aussi deux filles à Borée, Chioné « d’une blancheur de neige » ou « l’évolution de la concentration de la conscience » et Cléopâtre, « les célèbres ancêtres (réalisations passées) ».
Chioné eut de Poséidon un fils Eumolpos « un chant qui sonne juste », c’est-à-dire « une façon d’être harmonieuse ». Alors qu’el