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Le Chant 3 traite des mémoires karmiques
Jason convainquit les Argonautes de n’envoyer auprès d’Aiétès qu’une délégation réduite. Seuls les fils de Phrixos, Télamon et Augias, l’accompagneraient.
Aiétès se mit d’abord en colère, les accusant de vouloir s’emparer du trône, puis accepta qu’ils emportent la toison à condition que Jason sorte victorieux d’une épreuve. Le héros devait, comme le roi avait coutume de le faire lui-même, mettre sous le joug deux terribles taureaux soufflant le feu et aux pieds de bronze. Puis il devait labourer avec eux quatre arpents de la jachère d’Arès pour ensuite semer les dents du dragon. (Ce dragon avait été tué par Cadmos lors de la fondation de Thèbes pour libérer l’accès à la source d’Arès. Apollonios établit ici un lien avec le processus de purification-libération.) De ces semailles surgiraient alors de terribles guerriers tout en armes que le héros devrait supprimer avant qu’ils ne le tuent eux-mêmes. L’épreuve paraissait insurmontable.
Les déesses Héra et Athéna qui veillaient étroitement sur l’expédition craignaient que les héros ne puissent s’emparer de la toison, face au terrible Aiétès. Aussi demandèrent-elles à Aphrodite d’envoyer son fils Éros afin que de l’une de ses flèches il enflammât le cœur de Médée d’un violent amour pour Jason. (Celle-ci était la seconde fille d’Aiétès, la première, Chalciopé, ayant épousé Phrixos.) L’aide de cette magicienne, prêtresse d’Hécate, semblait indispensable aux deux déesses afin de sauver les héros d’un désastre. Soigneusement dissimulé, Éros décocha une flèche sur Médée qui s’éprit aussitôt de Jason.
A la suggestion d’Argos (l’un des fils de Phrixos) à laquelle seul Idas s’opposa, une rencontre fut organisée secrètement entre Médée et Jason, avec la complicité de Chalciopé qui s’inquiétait pour l’héritage de ses enfants. En effet, Aiétès pensait que les Argonautes étaient venus pour s’emparer du trône.
Lors de cette rencontre, Jason ne put résister à l’amour de Médée suscité par Aphrodite. Il lui promit de l’emmener avec lui après l’épreuve et de l’épouser. Médée lui donna alors un onguent qui le rendrait invulnérable aux armes de bronze et au feu. Il devait en enduire son corps et ses armes. Cet onguent avait été préparé avec une « plante qui avait poussé pour la première fois alors que l’aigle carnassier (de Zeus) faisait couler à terre, sur les contreforts du Caucase, le sang divin du malheureux Prométhée ». Médée lui assura aussi que la protection durerait tout le jour sans défaillance, lui recommanda de ne jamais refuser le combat, et quand les guerriers sortiraient du sol, de lancer au milieu d’eux une pierre bien lourde sans se faire voir, car ils se battraient pour se l’approprier.
Juste avant l’épreuve, Télamon et Aithalides allèrent chercher les dents à semer tandis que Jason se préparait et offrait un sacrifice à Hécate.
Le roi Aiétès, son peuple de Colques ainsi que tous les Argonautes se rassemblèrent dans la plaine d’Arès « le Tueur d’hommes » pour assister à l’épreuve.
Jason attendit d’un pied ferme les terribles taureaux qui crachaient des flammes et les maîtrisa l’un après l’autre. Les ayant mis sous le joug, il laboura la terre et sema les dents.
Alors de tout le champ se levèrent tels des épis « les fils de la terre » tout en armes. Jason, se souvenant des conseils de Médée, saisit une énorme pierre et la jeta au milieu d’eux. Comme prévu, les « semés » s’entretuèrent pour s’en emparer. Le héros se précipita alors, fauchant ceux qui étaient encore à demi enfouis et les retardataires qui partaient au combat. Bientôt, la terre fut rouge du sang de ces guerriers et il n’en resta plus un seul vivant.
Dépité, Aiétès s’en retourna en son palais méditer quelque funeste projet contre les héros.
Rappelons que le roi de Colchide Aiétès « l’existence-conscience la plus haute » est un fils d’Hélios, le soleil « qui voit tout » (Panoptes) et donc une expression du rayonnement de la conscience supramentale de Vérité (Hypérion).
Dans la légende la plus ancienne, Hélios eut seulement deux enfants, la magicienne Circé « la puissance de vision dans le détail ou discernement de la Vérité » et le roi de Colchide Aiétès « la plus haute conscience globale ».
Κιρκος est un oiseau de proie, « le tournoyant », qui discerne de loin. Les deux autres manifestations de l’âme, Persès et Pasiphaé, ont été ajoutées plus tardivement.
Aiétès est en effet « olophronos » celui qui « enveloppe la totalité ». Sa capitale est Aia, symbole de « l’élaboration et de l’organisation de l’existence-conscience sur tous les plans ».
La nymphe Asterodeia « la voie d’une étoile (la voie des débuts de la lumière) » eut de lui un fils, Apsyrtos.
Et sa femme légitime Eidya « celle qui voit » lui donna deux enfants, la magicienne Médée « le dessein » – celui de l’âme et non de l’ego, puisqu’elle est petite-fille du soleil – prêtresse d’Hécate, et Chalciopé « l’inflexibilité de la vision-volonté ».
À ce niveau d’être, comme les manifestations des forces sont des pouvoirs de transformation du supramental, les personnages qui les représentent sont des magiciens et magiciennes, notamment Médée et Circé.
Médée est de plus une prêtresse d’Hécate « celle qui frappe au loin » c’est-à-dire « celle qui a des buts à long terme », elle-même fille de Persès « la transformation » (fils du Titan Crios).
Il semble donc évident que le peuple qui est le plus opposé à Aiétès est celui des Sauromates « les lézards vains », à la fois symboles d’inertie, de tiédeur et de ce qui est sans voie, donc sans amour.
La délégation menée par Jason auprès d’Aiétès comprend en particulier des héros qui représentent les premières expériences lumineuses de l’âme (Augias « éclats de lumière » et les enfants de Phrixos « l