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Avant de mourir, le mensonge se lève dans toute sa puissance.
Mais les gens ne comprennent que la leçon de la catastrophe. Faudra-t-il qu’elle vienne pour qu’ils ouvrent les yeux à la Vérité ?
Je demande un effort de tous pour que cela ne soit pas nécessaire.
Seule la Vérité peut nous sauver : la vérité dans les paroles, la vérité dans l’action, la vérité dans la volonté, la vérité dans les sentiments.
Message de Mère du 26 novembre 1972
On ne peut que déplorer que la dernière œuvre du cycle troyen, la Télégonie « ce qui doit naître dans le futur », ne nous soit pas parvenue. Ce dernier volet aurait été composé par Eugammon de Cyrène au milieu du VIe siècle avant J.-C. et nous n’en avons que les résumés très succincts de Proclus et d’Apollodore. Mais la Connaissance évolutive ne disparaît jamais car elle est enregistrée dans les plans subtils et peut-être même aussi dans la matière corporelle qui participe, à un certain niveau, de l’unité. Cette vérité commence à peine à être entrevue par la science.
Le fait que cette Connaissance ne reste pas « disponible » aussi facilement à toutes les époques résulte sans doute du phénomène d’alternance des forces d’union et de séparation qui semble se traduire par l’oscillation du positionnement de la conscience entre les deux cerveaux. Depuis près de treize mille ans, nous sommes descendus de plus en plus profondément dans le processus nécessaire à l’individuation, perdant également progressivement la facilité d’accès à la Réalité, à la Vérité, au Tao, etc., quel que soit le nom que l’on donne à l’Impensable. La Connaissance s’est retirée à l’arrière-plan où il est plus difficile de l’atteindre.
La fin de la Théogonie d’Hésiode mentionne les enfants qu’Ulysse eut de Circé : Latinos, Agrios et Télégonos « qui régnèrent au fin fond des îles divines sur les Tyrrhéniens ». Elle évoque aussi Nausithoos et Nausinoos, ceux que lui donna Calypso.
Aucun élément ne nous est parvenu pour expliquer le sens des noms Latinos et Agrios, fils de Circé, ni leur royauté sur les îles Tyrrhéniennes. On peut seulement déduire de leur filiation qu’il s’agit d’un perfectionnement de la « vision discernante de la Vérité » qui doit accompagner le travail de Télégonos « ce qui doit naître dans le futur  ».
(Concernant le préfixe τηλε, rappelons que, pour des raisons de cohérence générale, nous avons fait prévaloir pour Télémaque un sens d’éloignement temporel alors qu’il signale le plus souvent un éloignement spatial. Télémaque peut donc aussi être compris comme « celui qui est loin du combat », c’est-à -dire celui qui est sorti de la dualité, qui œuvre par intégration et non plus par exclusion. Ou encore comme celui qui « fait le yoga en élargissant sa conscience » dans la matière, car c’est un fils de Pénélope. De même Télégonos peut être interprété comme « ce qui naît de façon la plus extensive » dans l’esprit, car c’est un fils de Circé.)
De même, nous sommes peu renseignés sur Nausithoos et Nausinoos, les fils de Calypso. Ils représentent des résultats de la longue période d’intégration qui a lieu avant l’entrée dans le nouveau yoga : « une évolution extrêmement rapide », soulignée à de nombreuses reprises par Mère, ainsi qu’une « intelligence du chemin ». Si nous adoptons la filiation donnée par Apollonios qui fait de Calypso une fille d’Atlas, il s’agirait d’un travail de perfectionnement du mental dans l’ascension des plans de conscience.
Selon le résumé qui nous est parvenu, la Télégonie commençait après le massacre des prétendants, là où l’Odyssée prenait fin :
Les prétendants morts furent brûlés. Ulysse fit des sacrifices aux nymphes puis voyagea à Élis où il rendit visite à Polyxénos. Celui-ci lui fit présent d’un cratère sur lequel étaient contées les histoires de Trophonios, Agamédès et Augias.
Il se rendit ensuite dans la province de Thesprotie et épousa la reine Callidicé qui lui donna un fils, Polypœtès. Il se battit au côté des Thesprotes (ou bien à leur tête comme leur roi) dans une guerre contre leurs voisins qui les avaient attaqués. Arès obligea les troupes d’Ulysse à se replier. Athéna s’opposa alors à son frère, mais Apollon s’interposa pour ramener la paix. A la mort de Callidicé, la royauté passa aux mains de Polypœtès, et Ulysse retourna à Ithaque.
Dans le même temps, sur l’île d’Aia, Circé élevait seule Télégonos, le fils qu’elle avait conçu avec Ulysse. Sur le conseil de la déesse Athéna, Circé révéla à Télégonos le nom de son père afin qu’il puisse partir à sa recherche. Elle lui donna une lance extraordinaire surmontée d’un dard venimeux de raie, Å“uvre d’Héphaïstos.
Télégonos s’embarqua avec quelques marins, mais une tempête les rejeta sur les côtes dâ