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Pendant la guerre de Troie, Ménélas avait promis sa fille Hermione à Néoptolème, le fils d’Achille, qui reçut également comme part de butin Andromaque, la femme d’Hector, lors du sac de la ville.
Lorsqu’il s’embarqua, certains disent qu’il prit aussi à son bord Énée, le fils de Priam, qui fut libéré plus tard après la mort de Néoptolème. Mais dans les versions classiques, Énée s’échappa pendant le siège de Troie. Apollodore dit que Néoptolème emmena aussi avec lui un autre fils de Priam, Hélénos.
Averti par sa grand-mère, la déesse Thétis, des dangers qui attendaient les Achéens sur mer, Néoptolème retarda son départ pendant deux jours. Puis il prit la voie de terre qui mène en Thessalie en passant par la Thrace. Selon certains, il navigua d’abord quelque temps.
Il rencontra Ulysse au pays des Cicones. Lorsqu’il arriva au pays des Molosses, il apprit que son grand-père Pélée avait été chassé de Phtie par Acastos, fils de Pélias. Il rendit le royaume à son grand-père et ramena les Myrmidons sains et saufs.
Euripide raconte que Néoptolème eut d’Andromaque un fils, Molossos. Il dit aussi qu’Hélénos, le fils de Priam, fonda sa propre cité après avoir épousé la mère de Néoptolème, Déidaméia.
Beaucoup plus tard, très peu de temps avant le retour d’Ulysse à Ithaque, fut célébré le mariage de Néoptolème avec Hermione. Il fallait en effet attendre Ménélas qui ne revint qu’au bout de huit ou neuf années.
Néoptolème représente, rappelons-le, les combats futurs du « libéré vivant » (en l’esprit) qui travaille à la purification des profondeurs « jusqu’à l’os », par l’attention portée aux infimes mouvements de la conscience, car c’est un Myrmidon (une fourmi). Ces combats doivent s’orienter à terme vers les nouveaux défis de la quête de liberté : en effet, Ménélas « une volonté inébranlable tendue vers le but » avait promis sa fille Hermione « l’évolution juste de la consécration » à Néoptolème « les yogas futurs ».
Selon Euripide, le chercheur pensait qu’il devait d’abord travailler à cette « juste évolution de la consécration » dans la poursuite du mouvement impulsé par Agamemnon, à savoir une amélioration de l’homme par le développement de la sincérité (Oreste), avant que le yoga futur ne la prenne pour objet (Ménélas aurait d’abord promis Hermione en mariage à son cousin Oreste qui était encore un jeune homme avant le départ pour Troie, pour ensuite revenir sur sa décision et la promettre à Néoptolème). Si nous pouvons faire confiance ici à Euripide, il s’agirait là d’une phase intermédiaire du yoga entre la réalisation du libéré vivant et celle du surhomme.
Mais dans une première étape après le renversement, « les nouveaux combats » récupèrent à leur profit la nature ou la puissance du « guerrier » développée par les anciens yogas (Andromaque « l’homme qui combat », femme d’Hector, est prise comme butin par Néoptolème). On pourrait aussi appeler Andromaque « le guerrier de lumière » si ce terme n’était pas déjà diversement connoté, car Hector a œuvré dans le cadre du mental illuminé.
Autrement dit, le nouveau yoga qui doit se développer dans un total abandon à l’Absolu, doit pouvoir se reposer sur la réalisation préalable du « guerrier » qui a conduit à la libération.
Ces nouveaux combats devaient bien évidemment inclure l’évolution future en l’esprit et c’est pourquoi, selon certains, il prit aussi à son bord Énée, le fils de Priam. En effet, cette évolution en l’esprit ne cesse pas avec les réalisations du Divin impersonnel et la libération, car le chercheur doit encore découvrir le Divin personnel au-delà du Soi, le Divin cosmique et les royaumes du supramental.
C’est probablement également la raison de l’embarquement d’Hélénos qui représente le travail vers une plus grande libération (Λ+Ν), celui du travail dans les profondeurs du subconscient et de l’inconscient qui commence au-delà de la maîtrise (Hélénos épousa Déidaméia « celle qui a tué ce qui dompte », la mère de Néoptolème).
Le chercheur est averti par une intuition vraie issue des profondeurs du vital – un instinct, car Thétis est une fille de Nérée « le vieillard de la mer » – que les voies de yoga anciennes (les Achéens sur la voie du « retour » dans leur royaumes respectifs) auraient à subir de nombreux assauts dans le vital avant de rejoindre leur base d’évolution (Néoptolème fut averti par sa grand-mère, la déesse Thétis, des dangers qui attendaient les Achéens sur mer).
La voie nouvelle recommandée est alors celle du corps (la voie de terre) dans laquelle le chercheur s’est déjà engagé, mais par un travail empreint de trop de contraintes (Néoptolème rencontra Ulysse au pays des Cicones « ceux qui travaillent en force » qui étaient alliés aux Troyens lors de la guerre). Ce travail en force fait sans doute référence aux différentes pratiques ascétiques des anciens yogas qui ne sont plus nécessaires dans le nouveau chemin.
Durant la période du grand renversement, le chercheur avait dirigé le travail de pénétration de la conscience dans les profondeurs de l’être par une extrême exigence de pureté, ce que ne demande pas le nouveau yoga (Néoptolème apprit que son grand-père Pélée avait été chassé de Phtie (Φ+Θ) par Acastos « celui qui est très pur », fils de Pélias). Le chercheur en prend conscience lorsque le nouveau yoga fait le bilan du travail effectué pour la liaison esprit-matière, qui se manifeste par la circulation des courants ascendants et descendants (lorsque Néoptolème parvient chez les Molosses).
Le travail de purification dans les profondeurs peut alors reprendre sans avoir été affaibli en aucune façon (les Myrmidons rentrent sains et saufs et Pélée remonte sur le trône).
(Selon Euripide, Néoptolème eut d’