LES JEUX OLYMPIQUES: Leur véritable signification en Grèce ancienne

 

Conférence donnée par Claude de Warren, Février 2024

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Oublions les images des Jeux Olympiques et les idées que l’on se fait aujourd’hui à ce sujet pour nous plonger dans la Grèce antique au second millénaire avant notre ère, bien avant la construction du Parthénon au Ve siècle avant J.-C., bien avant qu’un stade ne soit construit à Olympie en un lieu qui était, depuis longtemps déjà, un sanctuaire spirituel.

Les Jeux Olympiques, de même que les trois autres grands Jeux célébrés à Corinthe, Némée et Delphes, n’étaient pas à l’origine destinés à célébrer des athlètes mais des chercheurs spirituels à des étapes clefs de leur progression.

Les épreuves sportives furent introduites dans ce qui était à l’origine une succession de cérémonies initiatiques. Des historiens réputés – Moses Finley et H.W. Pleket – ont écrit à propos des Jeux Olympiques : « Ainsi, des jeux sont instaurés dans le programme olympique parce que le sanctuaire est réputé et non l’inverse : les cérémonies religieuses précèdent les jeux sportifs et restent prédominantes dans le programme des jeux. ». Et l’on peut affirmer sans grand risque de se tromper qu’il en fut de même pour les autres grands jeux. En témoigne le fait qu’il s’écoula parfois trois cents ans dans certains de ces sites entre l’instauration des cérémonies initiatiques et la construction des stades.

Au fur et à mesure que le sens profond des mythes et la possibilité de connexion avec les mondes de l’Esprit se perdaient – ce qui était déjà le cas au temps des trois grands Tragiques Sophocle, Eschyle et Euripide, au Ve siècle avant J.-C., 300 ans après Homère –, des épreuves sportives profanes furent introduites.

Ces jeux sportifs n’impliquaient très probablement pas les chercheurs spirituels eux-mêmes mais des athlètes venus pour participer aux célébrations. 

Les VIe et Ve siècle avant J.-C. marquent un tournant au cours duquel les célébrations dans les sanctuaires perdirent leur vraie raison d’être – la célébration des initiations – et furent progressivement remplacées par des fêtes profanes, essentiellement sportives.

On ne peut pas comprendre ce que signifient les grands jeux de la Grèce antique si l’on ne prend pas en compte ce qui se passait dans les écoles initiatiques. C’est en effet les mythes à l’origine des quatre grands jeux qui expliquent les rapports entre les jeux et ces Écoles de Mystères.

Car il y avait, d’une part, une religion extérieure et, d’autre part, des centres spirituels d’initiation, comme en ancienne Égypte. Là était dévoilé le chemin spirituel tel que transcrit de façon codée dans la mythologie grecque, et enseigné la signification profonde des mythes, des pratiques et des rituels. On y transmettait aussi des initiations donnant accès à certains pouvoirs, comme en Inde dans le Tantrisme.

L’initié est « celui qui connaît les mystères des dieux ».

Il y avait deux grands centres initiatiques principaux en Grèce. Le premier, sur l’île de Samothrace, était plus particulièrement destiné aux chercheurs qui voulaient s’engager sur le chemin spirituel. Le second, à Éleusis, était réservé aux chercheurs plus avancés.

On sait très peu de choses sur ces écoles de Mystères et sur les initiations qui y étaient données car il était interdit aux futurs initiés d’en parler sous peine d’être mis à mort, les anciens Grecs étaient très stricts sur ce point.

Eschyle, un dramaturge du Ve siècle avant J.-C., faillit perdre la vie car on l’accusait d’avoir révélé dans l’une de ses pièces des choses que seuls les initiés pouvaient connaître. Il dut jurer qu’il n’en était pas un afin d’avoir la vie sauve.

D’autre part, le sens profond des mythes se perdit assez rapidement sous l’influence des cycles qui gouvernent l’évolution, en particulier ceux de 2.160 ans (cycles du mental) et de 26.000 ans (précession des équinoxes).

SAMOTHRACE

 

L’île de Samothrace se situe au Nord de la mer Égée à environ 300 km à vol d’oiseau d’Athènes.

Y parvenir par mer n’était pas forcément chose aisée avec les bateaux de l’époque, les vents n’étant favorables qu’une partie de l’année, d’avril à octobre, et les tempêtes imprévisibles. Le trajet par voie de terre en passant par la Thrace n’était pas sans danger non plus, sans doute à cause des brigands de grands chemins.

Il fallait donc un certain courage – qualité essentielle requise de tous les aspirants au chemin spirituel – pour entreprendre le voyage depuis l’Attique et le Péloponnèse. Ce fut même certainement la raison de l’établissement de cette école de Mystères sur cette île si loin d’Athènes et d’un accès aussi difficile.

Le nom Samothrace – Samos (Σ+Μ) + Thrace (ΘΡ+Κ) – indique une ouverture (Κ) vers une juste évolution (Ρ) de l’être intérieur (Θ) par l’ouverture équilibrée entre raison et intuition (Μ) de l’intelligence (Σ).

Les traces les plus anciennes d’une activité spirituelle remontent au VIIe siècle avant J.-C. Les rituels étaient adressés aux « Grands Dieux » (Theoi Megaloi en grec). L’identité et la nature de ces « Grands Dieux » demeurent énigmatiques car il était interdit de prononcer leur nom dans le monde profane, sans