La Genèse dans la mythologie grecque semble donner deux origines distinctes – Chaos et Gaia. Elle commence ainsi :
« Le premier de tous naquit Chaos, et ensuite Gaia aux larges flancs, base stable des immortels maîtres des cimes de l’Olympe neigeux, puis les étendues brumeuses du Tartare, et Éros, le plus beau des dieux immortels qui détend les membres et qui, en tous les dieux et tous les humains, gouverne au fond des poitrines le juste vouloir et l’intelligence. »
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Dans ce récit d’Hésiode, apparaît d’abord le « Chaos ». L’habitude est de donner à ce mot le sens d’une béance, assimilée au tohu-bohu de la Genèse, à un monde « vide et vague ». Mais ici, aucune connotation de désordre ou de confusion. Et si persiste une idée de vacuité, c’est celle d’un vide qui contient potentiellement tout.
La lettre structurante de ce nom, le Khi (Χ), exprime le point qui contient tout, l’Un concentré en Lui-même, l’Absolu, le Tao, le Vide, etc. et se situe très au-delà de notre actuelle capacité de compréhension.
Selon Hésiode cependant, la conscience humaine est capable de s’élever jusqu’à ce point, mais seulement par éclairs lorsqu’elle rejoint les plus hauts plans du mental, car, nous dit-il, Zeus peut y envoyer sa foudre.
Cet Absolu, hors de l’espace et du temps, est le royaume de l’infini et de l’éternel, hors même la manifestation. Les notions « venir au jour » ou « se manifester » n’ont donc ici qu’un sens symbolique. Aussi n’y-a-t-il pas nécessité d’engendrement et les quatre premières entités divines coexistent-elles de toute éternité.
Puis, avec la présence de Gaia, Chaos devient la Force-Conscience et Gaia (ou Gé) son mouvement d’extériorisation, lequel sera ensuite le principe d’Existence et du Devenir, et dans les plans plus denses, la personnification de la Terre et de la Matière.
Les lettres du nom Gaia (Γ+Ι) expriment la conscience qui s’élance depuis son plus haut « niveau » (il ne s’agit que d’une nécessité graphique car à ce stade on ne peut parler de niveau). Fondement de l’Existence, Gaia est à l’origine des principes de la manifestation qui, à leur tour, régiront la création.
Simultanément à Gaia, apparaît le brumeux Tartare, le principe de non-existence (Non- Être) et non-conscience, qui semble se rapprocher de ce que Sri Aurobindo nomme la Nescience. Exactement opposé à Gaia, il est ce qui permet à l’Absolu de « s’oublier » Lui-même, de réaliser le suprême sacrifice divin. Mais à ce stade rien n’est scindé car tout est Un. On peut le lire dans les lettres structurantes du mot « Tartare », assemblées selon la forme classique x+Ρx, ici Τ+ΡΤ+Ρ « Conscience + retournement (négation) de la Conscience + selon le plan divin ». C’est une région qui, selon Hésiode : « est aussi éloignée de la terre que la terre l’est du ciel, car il faudrait neuf nuits et neuf jours à l’enclume de bronze descendant du ciel pour arriver la dixième nuit à la terre, et il lui en faudrait tout autant pour descendre de la terre au Tartare. »
Le temps de la chute de l’enclume révèle la nécessité d’une période entière de gestation d’une manifestation.
Le Tartare peut être conçu comme une résistance passive, une puissance qui s’oppose en permanence à la pression de l’Absolu, à son attrait incoercible pour l’Existence en Devenir.
Selon Hésiode, de son union avec Gaia, il engendra Typhon, symbole de l’ignorance, qui se manifeste dans les plans plus denses en « enfumant », en « aveuglant » et en générant « les premiers tourbillons mentaux ».
Dans l’Hymne homérique à Apollon, c’est Héra seule qui créa Typhon pour se venger de la naissance d’Athéna que Zeus avait mis au monde seul : la puissance de limitation (Héra) venait ainsi contrecarrer par l’ignorance (Typhon) la force d’expansion évolutive (Zeus) qui donna l’impulsion de la croissance intérieure (Athéna).
Lorsque la conscience humaine prit le pas sur l’animalité – quand Zeus réussit à vaincre Typhon – l’ignorance resta active par l’intermédiaire de ses enfants qui comptent parmi les plus grands monstres (Cerbère « le gardien de la Mort », l’Hydre de Lerne « le Désir », la Chimère « l’Illusion » et le chien Orthros « le Mensonge »).
Enfin parut Éros, la Félicité ou Jouissance divine (l’Ânanda dans la tradition indienne), troisième terme de l’indivisible trinité et expression de la relation entre la Force-Conscience et son Énergie exécutrice. Il gouverne, au fond des poitrines des dieux et des hommes, le juste vouloir et l’intelligence : expression suprême de l’Amour, tout à la fois transcendant et agissant de l’intérieur, il soutient et dirige la Volonté-Sagesse – celle de l’âme (ou de l’être psychique) et non celle de l’ego – et l’Intelligence.
Le nom « Éros » est construit autour du Rho qui, rappelons-le, symbolise le mouvement vrai ou jus