ORPHÉE

Le mythe d’Orphée, du fait de ses rapports avec le courant mystique ou culte à Mystères connu sous le nom d’Orphisme, est sans doute celui de la mythologie grecque qui a suscité le plus d’études et de débats parmi les spécialistes, ceux-ci prenant même le soin de distinguer entre légende et mythe. Le mythe d’Orphée et d’Eurydice, dans sa dernière version, décrit une descente dans l’inconscient corporel pour retrouver « la juste manière d’agir ».

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Orphée parmi les Thraces

Orphée parmi les Thraces – Metropolitan Museum of Arts

Nous considèrerons davantage dans un premier temps les différentes étapes de la progression spirituelle que les évolutions du mythe révèlent, puis nous étudierons sans nous étendre le mythe du démembrement de Dionysos propre à l’Orphisme.
Nous laisserons de côté autant l’étude des cosmogonies orphiques que celle des rites et croyances attachées à cette religion particulière. Celle-ci semble avoir été réservée aux adeptes d’un yoga de la connaissance associé à une profonde volonté de purification. C’est sans doute un même esprit qui anima les Cathares dans un tout autre cadre.

Si l’on considère que seuls de très grands héros tels Ulysse ou Héraclès furent à même de s’aventurer dans l’Hadès, il faudrait alors considérer Orphée comme leur précurseur, leur initiateur peut-être, ou encore comme un héros de même stature. Rappelons en effet qu’une « descente » dans l’Hadès est une plongée dans l’inconscient corporel qui exige au préalable la libération mentale et vitale. Thésée et son ami Pirithoos qui n’avaient pas acquis la stature correspondante, y restèrent prisonniers.
Nous verrons dans un chapitre ultérieur qu’Euripide est le premier à avoir mentionné la délivrance de Thésée par Héraclès, mais que le plus probablement, les versions antiques mentionnaient un châtiment irréversible.
Cependant, aucun mythe primitif ne fait d’Orphée le héros d’une grande épopée même s’il semble avoir été célèbre dans tout le monde grec dès le VIe siècle av. J.-C.
Les autres exemples de héros qui purent revenir du royaume d’Hadès, tels Sisyphe ou Alceste, n’y étaient pas entrés volontairement et ne purent être « relâchés » qu’avec la permission de Perséphone, celle d’Hadès ou sur l’intervention d’Héraclès.

La fonction initiatrice d’Orphée dut en conséquence être développée au cours du temps jusqu’à ce que le mythe puisse couvrir aussi bien les initiations aux petits qu’aux grands Mystères. Dans les premiers, le rôle d’Orphée en tant que barde musicien et poète (aède) suffisait amplement, tandis que les initiations les plus avancées des grands Mystères étaient liées à la descente volontaire du héros dans le monde souterrain.
C’est la raison pour laquelle nulle mention n’est faite dans la quête de la Toison d’Or par Jason de la descente d’Orphée au royaume d’Hadès, incursion que le poète devait cependant bien connaître. Cette quête appartient en effet aux débuts du chemin et l’Orphée des Argonautiques d’Apollonios n’a d’autre rôle que de chanter et battre la mesure.
C’est le plus probablement à ce rôle d’initiateur qu’Orphée dut son renom de transmetteur du récit du démembrement de Dionysos qui est à la base des croyances Orphiques sur l’immortalité de l’âme.

Orphée comme initiateur de la première phase du chemin

Ni Homère, ni Hésiode ne mentionnent Orphée. De plus, il ne semble pas figurer dans l’art archaïque. Les plus anciens vases où il est représenté datent de la première moitié du Ve siècle avant J.-C.
Certains auteurs anciens qui considéraient Orphée comme un personnage historique le classaient parmi les poètes mythiques qui précédaient Homère de plusieurs générations et en faisaient un fils d’Apollon.
Parmi ces poètes mythiques figuraient aussi Eumolpos et Philammon.
Eumolpos « celui qui chante et danse bien » ou « un noble chant qui sonne juste » est donc le symbole d’une harmonie juste et vraie aussi bien dans les actes que dans l’expression. Les auteurs tardifs en font un fils de