LE RETOUR D’ULYSSE : L’ODYSSÉE

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Les manuscrits de l’Odyssée datent du Moyen-Âge et nous savons peu de choses sur la transmission des textes depuis les temps homériques si ce n’est qu’il y eut le plus probablement une très longue période de transmission orale.

Toutefois, dans la mesure où ces textes reflètent des expériences dans la progression spirituelle sur lesquels tous les grands mystiques s’accordent, quelle que soit leur appartenance religieuse ou culturelle, nous pourrons les considérer comme valides du point de vue qui nous intéresse tant que les expériences se recoupent. Les études sur l’origine du texte et les controverses sur l’auteur (ou les auteurs) sont donc étrangères à notre propos. De même, nous laisserons de côté les discussions concernant le dernier chapitre de l’Odyssée, « la seconde Nekuia », qui, selon certains linguistes, constituerait un ajout au texte initial.

Comme pour l’Iliade, nous avons utilisé de multiples traductions, principalement celle de Médéric Dufour et Jeanne Raison (Garnier-Flammarion) ainsi que celle de Victor Bérard (Les Belles Lettres), en sélectionnant en chacune d’entre elles ce qui nous a semblé le plus exact. En de rares occasions, nous avons eu recours à notre propre traduction lorsque celles dont nous disposions ne correspondaient en rien à l’expérience spirituelle évoquée.

Nous aborderons l’étude selon la progression sur le chemin spirituel et non selon la structure du texte qui obéit à des règles de dramaturgie. Toutefois, lorsque cela ne sera pas incompatible, nous suivrons la division en chants, comme nous l’avons fait pour l’Iliade.

Bien que l’Odyssée décrive une phase très avancée du yoga, ce poème peut sans doute être aussi utile à chacun, quel que soit le chemin déjà parcouru. Nous avons dit en effet que de très nombreux mythes devaient être considérés comme des processus et non comme des étapes à franchir une fois pour toutes, même s’ils relatent la phase ultime d’une progression particulière.

Ainsi en est-il par exemple du mythe de Persée qui symbolise la victoire sur la peur et a été situé par les anciens en amont des travaux d’Héraclès. La peur ne peut bien évidemment être vaincue en une seule fois. Le chercheur devra la dépasser dans le mental puis dans le vital et enfin jusque dans ses dernières racines dans le corps. C’est cette ultime étape qui est décrite lorsque le chercheur doit se renseigner auprès des filles de Phorcys, les trois Grées, symboles des rudiments de mémoire et de conscience à l’origine de la vie. Mais les outils donnés par les Nymphes et par Hermès, c’est-à-dire le retrait ou la dés-identification, le calme mental, le renversement des habitudes, etc. peuvent être utiles à tous.

Ainsi en est-il aussi de l’illusion et de bien des obstacles qui se dressent sur la route, tout à la fois gardiens et leviers de l’évolution.

Le franchissement des limites sur chacun des plans conduit le chercheur devant des obstacles de nature similaire dans leur forme et pourtant bien différents dans leur intensité. D’où une apparente identité des processus et des expériences. C’est pour cela que la lecture de l’Agenda de Mère semble à la fois compréhensible pour le chercheur qui a déjà vécu des expériences comparables dans le mental et totalement incompréhensibles parce que Mère les vit et les décrit au niveau du corps.

De même l’Odyssée peut être considérée comme un processus en spirale que le chercheur parcourra à de nombreux niveaux. Ainsi, les épreuves rencontrées sur le plan mental le seront plus tard au niveau vital puis enfin dans le corps.

C’est la raison pour laquelle Apollonios de Rhodes a repris, comme on l’a vu, nombre des épisodes de l’Odyssée en en réduisant l’intensité, car la quête de la Toison d’Or se situe dans les débuts du chemin. Ainsi, Jason ne fit que passer au large de Charybde et Scylla alors qu’Ulysse manqua d’y laisser la vie.

Enfin, on ne doit pas oublier que si la vie et ses difficultés sont les meilleurs maîtres possibles, nombre d’épreuves doivent être surmontées intérieurement sans nécessité de confrontation extérieure. La plongée dans les profondeurs implique en effet de pouvoir affronter « l’ombre » sans aucune nécessité d’extériorisation.

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