Les Argonautes échappent à la séduction des Sirènes

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Avant d’arriver en ces funestes parages, les héros passèrent devant l’île aux fleurs habitée par les sirènes qui faisaient périr de leurs chants ensorceleurs quiconque jetait l’amarre près de l’île. Mais Orphée prit sa cithare et couvrit leurs chants tandis que les héros passaient au large.

Ces sirènes avaient évolué depuis les temps anciens : elles avaient acquis des ailes et ressemblaient désormais en partie à des oiseaux et en partie à des jeunes filles.

Le chercheur est d’abord confronté à des éléments « séducteurs », les Sirènes, qui exercent sur lui une puissante attraction. Elles sont filles du fleuve divin Achéloos, « la concentration d’un fort désir ou d’une puissante volonté » et de la muse Terpsychore.  Les Muses sont des filles de Zeus et de Mnémosyne, la conscience la plus haute qui se remémore le passé harmonieux de l’enfance de l’humanité. Terpsychore est « la plénitude de la danse » – la « danse de la félicité » de Shiva-Nataraja, celle du jeu du Divin dans la création.

Quand Perséphone, la fille de Déo (Déméter « mère de l’union ») était encore vierge – c’est-à-dire tant qu’elle n’avait pas épousé Hadès, tant que le yoga ne devait pas s’intéresser à la matière – les Sirènes partageaient ses jeux : celles-ci représentaient donc anciennement les buts de l’évolution poursuivis dans l’harmonie, une voie ensoleillée de l’enfance de l’humanité.

Mais elles se sont transformées du fait de la mentalisation (étant maintenant en partie des oiseaux et en partie des jeunes filles), tout en continuant à célébrer l’harmonie primitive de l’évolution. (Elles sont représentées par des  oiseaux avec une tête de femme).

Elles séduisent par leurs chants et apportent « la langueur aux marins », une nostalgie des périodes harmonieuses de l’évolution passée. Mais ce n’est plus ce qui est demandé à l’humanité qui, par le mental devait entrer dans une période d’individuation. Ces sirènes sont alors l’expression d’un refus d’incarnation, un refus de considérer la Réalité, et par là-même, constituent un redoutable obstacle dans le yoga.

Elles sont donc le symbole d’un attrait irrésistible pour des expériences de sociétés harmonisées qui sont « idéalisées » par le chercheur. Elles s’appuient sur la nostalgie d’états harmonieux (dont on peut avoir l’expérience par la transe ou en s’élevant dans les hauteurs de l’Esprit) qui ont pu être développés en des temps anciens mais ne sont plus d’actualité dans la période d’évolution présente, car c’est dans l’incarnation, à partir d’une claire et parfaite acceptation de « ce qui est », que doit maintenant se faire le travail et se livrer le combat.

Nous retrouverons bien sûr les Sirènes dans les aventures d’Ulysse, à un autre degré.

C’est Orphée qui protège les héros de l’ensorcellement : le chercheur se défend de cette « nostalgie » en établissant l’harmonie par la soumission au rythme juste, par la connaissance des lois de l’harmonie, de la purification qui permet de mettre chaque chose à sa juste place.

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