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Pendant l’absence d’Ulysse, sans consulter ni Laërte ni Pénélope, Eumée avait construit une porcherie de douze étables magnifiques accolées les unes les autres et adossées à un mur circulaire. Chaque étable contenait cinquante truies qui avaient mis bas. Sous la garde de quatre chiens, les mâles dormaient dehors, mais il n’en restait que trois cent soixante car le divin porcher devait fournir chaque jour aux prétendants le plus beau. Eumée avait aussi quatre assistants.
Comme les chiens bondissaient sur lui, Ulysse s’assit et laissa choir son bâton. Eumée accourut, dispersa les chiens, et fit la louange de son maître qui, dit-il, l’aurait comblé de bienfaits si les dieux n’avaient empêché son retour. Puis il offrit à son hôte un repas de porcelets rôtis et énuméra les richesses de son maître : sur le continent, douze troupeaux de vaches, autant de moutons, de cochons et de chèvres, et sur Ithaque, onze hardes de chèvres, dont les prétendants prélèvent chaque jour le plus beau des chevreaux.
Eumée assura que plus personne en Ithaque ne pouvait croire les voyageurs de passage qui disaient n’importe quoi pour qu’on leur offre de beaux habits.
Le « mendiant » jura alors à son hôte qu’Ulysse était bien vivant et reviendrait bientôt punir les prétendants, avant même la nouvelle lune, mais le porcher refusa de l’écouter et se dit inquiet au sujet de Télémaque.
Le mendiant inventa une histoire qui le présentait comme un guerrier crétois toujours réjoui de se battre. Il aurait accumulé beaucoup de richesses puis accompagné le contingent crétois à Troie sous les ordres d’Idoménée, petit-fils de Minos. À peine de retour, il aurait été repris par la fièvre des voyages qui l’aurait conduit au fleuve Égyptos. Là, dit-il, ses gens pillèrent et massacrèrent mais furent bientôt décimés en retour. Lui-même n’aurait dû son salut qu’au roi dont il avait imploré le salut. Il serait resté sept années en Égypte, puis un an en Phénicie. Ayant survécu à un naufrage, il aurait été recueilli par le roi des Thesprotes, Phidon, qui lui aurait affirmé avoir rencontré Ulysse. Selon lui, Ulysse serait parti à Dodone demander conseil à l’oracle du grand chêne de Zeus. Mais à peine en mer, les marins du roi l’auraient dépouillé et mis en esclavage. C’est une main divine qui l’aurait libéré.
Comme Eumée refusait de croire ce qui concernait son maître, ayant déjà été berné, le « mendiant » proposa un pari en signe de sa bonne foi mais le porcher le refusa.
Eumée, lassé de travailler depuis si longtemps pour les prétendants, sacrifia alors le plus beau de ses porcs et offrit au mendiant les parts de choix.
Son serviteur Mésaulios qu’il avait acquis de ses deniers des marins de Taphos sans consulter ni Laërte ni Pénélope, leur servit le pain.
Comme la nuit était froide et pluvieuse, le « mendiant », pour éprouver la générosité du porcher, raconta comment Ulysse lui avait donné le manteau d’un de ses hommes lorsqu’il allait mourir de froid durant la guerre de Troie. Le porcher fit alors pour le mendiant un lit bien chaud et lui donna un manteau qu’il avait de côté pour lui-même. Il partit ensuite s’occuper de ses bêtes, ce qui réjouit le cœur d’Ulysse, puis se coucha près d’elles.
Pendant la longue période du yoga qui précède le grand renversement, puis la purification approfondie qui le suit (les vingt années qui séparent le départ pour Troie du retour d’Ulysse à Ithaque), le chercheur accomplit certaines choses sans les relier nécessairement à son yoga. Il s’agit ici à la fois du développement, de l’organisation et de la mise en place de structures de protection des énergies vitales et corporelles de base afin qu’elles soient le plus efficaces possible (le porcher Eumée n’avait consulté ni Pénélope ni Laërte pour construire les douze étables de cinquante truies chacune qui avaient toutes mis bas). Le sanglier étant le symbole d’une énergie vitale brute, le cochon représente cette même énergie qui a été quelque peu maîtrisée.
Le chercheur constate et déplore que si les anciennes réalisations de yoga n’exigeaient pas la meilleure part de cette d’énergie vitale, il en aurait davantage en réserve (les prétendants prélèvent le meilleur cochon chaque jour). C’est une grande vigilance dans l’incarnation qui veille sur ces énergies (quatre chiens).
Pour que la reprise de contact puisse s’effectuer sans dommage, le yoga qui cherche l’union doit « lâcher prise » et poursuivre le processus d’intégration.
Il peut paraître étonnant que des parties de la conscience s’ignorent entre elles ou ne se reconnaissent pas, mais Mère explique que certaines parties de l’être peuvent avoir des expériences exceptionnelles « sans qu’on le sache » (Cf. Agenda, Tome 2, 25 mars 1961). Ailleurs, elle mentionne que certaines couches de la conscience peuvent ne pas être « éveillées » et empêcher en conséquence une certaine fluidité dans la circulation des énergies. Mais ici, il s’agirait plutôt d’accomplissements menés à bien sans que le chercheur ait eut conscience qu’ils participaient le moins du monde à la nécessaire préparation pour le nouveau yoga.
Les réalisations du chercheur dans sa progression vers la transparence, acquises dans l’ancien yoga, sont alors à leur summum en ce qui concerne les illuminations, la dynamique de transformation, les énergies vitales disciplinées et l’élan pour le yoga (sur le continent, Ulysse possède douze troupeaux de vaches, autant de moutons, de cochons et de chèvres). Mais pour le nouveau yoga, l’aspiration n’est pas encore à son apogée et de plus, les anciennes réalisations en détournent la meilleure part chaque jour (il y a seulement onze hardes de chèvres sur Ithaque dont les prétendants prélèvent chaque jour le plus bel animal).
D’autre part, cette partie du chercheur qui a entretenu, organisé et discipliné le vital de base se désespère de ne pouvoir être uti