<< Précédent : Le retour de Télémaque (Chant XV)
Télémaque fut accueilli par les chiens d’Eumée qui frétillaient de la queue sans aboyer, puis par le porcher lui-même qui ne put retenir sa joie et ses démonstrations de tendresse. En vertu des lois sacrées de l’hospitalité, il assura Eumée qu’il vêtirait et nourrirait le mendiant afin qu’il ne soit pas à sa charge. En effet, il craignait de l’envoyer auprès des prétendants qui le maltraiteraient et assura ne pouvoir le protéger s’il le prenait lui-même en sa demeure. Puis il envoya Eumée avertir sa mère de son retour. Le porcher ne devait pas aller lui-même prévenir son grand-père Laërte, mais Pénélope devait envoyer l’intendante.
Athéna apparut alors sous les traits d’une grande et belle femme, visible pour le seul Ulysse. Elle entraîna le héros à l’écart, lui signifia qu’il était temps de révéler son identité à son fils et de combiner la mort des prétendants, puis elle lui rendit sa splendide apparence.
Ulysse, « le héros d’endurance », se fit alors reconnaître de Télémaque mais ce dernier doutait, ne pouvant croire qu’un mortel puisse à ce point changer d’apparence en un instant. Ulysse lui répondit que c’était Athéna qui toujours l’avait accompagné et que pour elle, cette transformation était jeu d’enfant. Leurs retrouvailles furent alors l’occasion d’abondantes larmes.
Puis Ulysse informa son fils de son passage chez les Phéaciens et s’enquit du nombre des prétendants. Télémaque en fit le décompte : cinquante-deux venaient de Doulichion accompagnés de six valets, vingt-quatre de Samé, une vingtaine de Zante et douze d’Ithaque.
Il y avait en outre le héraut Médon et le divin aède Phémios, ainsi que deux serviteurs.
Comme Télémaque doutait qu’à eux seuls ils puissent en venir à bout, Ulysse lui annonça la participation de Zeus et d’Athéna, lui exposa son plan et lui donna des instructions détaillées. Télémaque devait se rendre au manoir, payer les prétendants de paroles amènes, supporter sans broncher les affronts qu’Ulysse pourrait endurer sous son apparence de mendiant et rassembler les armes pour les cacher. Il devait mettre de côté deux piques, deux épées et deux boucliers qu’il récupèrerait plus tard. Sous aucun prétexte il ne devait révéler qu’Ulysse avait pris l’apparence d’un mendiant. Enfin, tous deux devraient également éprouver les femmes et les serviteurs afin de savoir qui leur était resté fidèle.
C’est alors que le vaisseau qui avait ramené Télémaque entra au port d’Ithaque. Un héraut vint prévenir Pénélope du retour de son fils, ce que tous les prétendants entendirent. Mais c’est à elle seule qu’Eumée qui était arrivé au manoir dit où il se trouvait.
C’est alors que le vaisseau d’Antinoos parti se mettre en embuscade avec ses hommes rentra au port. Antinoos incita les prétendants à tuer immédiatement Télémaque et à se partager ses biens avant qu’il ne dénonce l’embuscade à l’assemblée du peuple. Amphinomos, fils de Nisos et descendant d’Arétès, chef des prétendants venant de Doulichion « l’île au froment », dont les paroles plaisaient à Pénélope, à son tour répondit qu’il refuserait d’attenter à la vie de Télémaque tant qu’il n’en aurait pas reçu l’ordre de Zeus. Tous les prétendants adoptèrent la même position.
Pénélope qui avait appris de Médon qu’on ourdissait la mort de son fils, entra dans la salle et s’en prit à Antinoos, bien qu’il fût réputé le plus sensé de ceux de son âge. Elle lui rappela qu’Ulysse avait sauvé la tête de son père.
Eurymaque alors la rassura, l’assurant de son amitié pour Télémaque, mais il ne songeait en son cœur qu’à le perdre.
Juste avant qu’Eumée ne fût de retour chez lui, Athéna redonna à Ulysse son apparence de vieillard en haillons afin que le porcher ignorât tout car elle craignait qu’il ne prévienne Pénélope.
Comme Eumée racontait qu’il avait vu le retour du bateau parti en embuscade, le « sublime » Télémaque sourit à son père à l’insu du porcher.
Le yoga futur aura besoin de s’appuyer sur ce qui a entretenu, consacré, et organisé le vital de base (Eumée considère Télémaque comme un fils).
Les anciennes réalisations, quant à elles, ne sont pas capables d’admettre un élément qui surgit sur le chemin et leur est étranger, surtout si cet élément semble n’avoir aucune utilité pour le yoga et ne correspondre en rien à leurs conceptions malgré « l’ouverture » à laquelle elles prétendent. C’est donc le « yoga futur » qui assume à lui seul cet élément nouveau (Télémaque ne veut pas risquer d’envoyer le « mendiant » chez les prétendants malgré la loi sacrée d’hospitalité, et prend sur lui son entretien et sa nourriture).
Dans cette délicate transition vers le nouveau yoga, certaines précautions doivent être prises car les différentes parties de l’être doivent adhérer les unes après les autres dans un ordre déterminé : Pénélope doit être informée du retour de son fils, mais non encore Laërte, ni même Eumée. Puis le guide intérieur fait en sorte que le « futur yoga » reconnaisse que la transparence est accomplie (Athéna convainc Ulysse de se dévoiler à Télémaque).
C’est ce « yoga futur » qui est capable d’identifier les anciennes réalisations qui font obstacle : environ la moitié provient de la nature spirituelle « libérée » du chercheur (Doulichion « la fin de l’esclavage »), un quart de la nature humaine mentale consacrée (Samé) et un quart de ce qui a vu l’émergence du psychique (Zante), autrement dit « le meilleur de l’ancien » (Télémaque énonce l’origine des prétendants). Ce ne sont à ce stade ni le vital ni le mental qui constituent les plus grands obstacles, mais les réalisations spirituelles et les croyances qui leur sont associées.
« Le souvenir de la progression sur le chemin » (l’aède) et sa « compréhension supérieure » (le héraut) sont aussi cités par Télémaque, mais ils seront épargnés par Ulysse. En effet, le « souvenir » du chemin et « la transmission de la Connaissance » – car le mot « héraut » en grec signifie aussi « Caducée », symbole que le héraut porte à la main (κηρυκειον) – méritent d’être conservés pour l