La vengeance d’Oreste et le meurtre de Clytemnestre

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Homère ne mentionne jamais le meurtre de Clytemnestre par Oreste, seulement celui d’Égisthe.

Rappelons qu’Oreste, le plus jeune fils d’Agamemnon, naquit peu de temps avant la guerre de Troie. Il était donc adolescent ou jeune homme à la fin de la guerre. Pindare affirme même que lors du meurtre d’Agamemnon, Oreste fut sauvé par sa nourrice, ce qui signale son jeune âge.

Égisthe régna sept ou huit années après le meurtre d’Agamemnon.

Oreste vint alors d’Athènes (ou de Phocide) accompagné de son ami Pylade pour venger la mort de son père. Selon certains, il revint pour récupérer son royaume et lorsque les héros passèrent à Delphes, Apollon lui intima l’ordre du meurtre. Selon d’autres, le dieu favorisa son projet ou encore lui donna le moyen de se défendre contre les Érinyes.

Il tua donc Égisthe ainsi que sa propre mère Clytemnestre, et le jour même où il offrait aux gens d’Argos le repas funèbre, Ménélas revint d’Égypte.

Dans les mythes primitifs, Clytemnestre ne semble pas avoir été tuée par Oreste.

Selon Eschyle, c’est Apollon qui le chargea de tuer Égisthe et Clytemnestre et lui demanda de revenir ensuite vers lui pour être purifié.

À son retour, Oreste se heurta aux Érinyes qui interpellèrent Apollon. Ce dernier renvoya les deux parties vers Athéna mais celle-ci refusa d’arbitrer et les renvoya à la décision d’un tribunal athénien. Les parties ayant obtenu un même nombre de voix, Athéna trancha en faveur d’Oreste et calma la fureur des Érinyes en leur assurant qu’elles seraient, dans le nouvel ordre, garantes du châtiment décrété par l’État.

Chez Sophocle, interviennent deux filles d’Agamemnon, la première Chrysothémis ayant pour rôle de mettre en valeur sa sœur Électre.

Apollodore raconte qu’Oreste épousa Hermione dont il eut un fils, Tisaménos.

Selon Pausanias, Érigone (la fille d’Égisthe et de Clytemnestre) lui en donna un autre, un bâtard nommé Penthilos.

La vengeance d’Oreste eut lieu la huitième année du règne d’Égisthe, la veille du retour de Ménélas ou quelques jours auparavant. Cet épisode précède le retour d’Ulysse à Ithaque. (La chronologie est incertaine, le laps de temps entre les retours des deux héros pouvant s’étendre jusqu’à deux ans chez certains auteurs.)

Le mouvement « d’évolution de la sincérité », effet de la « tension » pour la transformation, reprend alors les rênes du yoga en mettant fin à la période d’union mystique (Oreste, fils d’Agamemnon, tua Égisthe et sa propre mère Clytemnestre).

L’être psychique et le supraconscient appuient cette nouvelle orientation (les dieux approuvèrent la vengeance, tout spécialement Apollon « la lumière psychique »).

Lorsqu’elle est mentionnée, la mort de Clytemnestre qui est, comme sa sœur Hélène, un personnage de la lignée du mental intuitif, marquerait alors l’entrée dans le surmental et donc un plus grand accomplissement dans la non-dualité que celui qui avait été marqué par la mort de Castor et des Apharétides, Idas et Lyncée. Les seuls survivants parmi les enfants de Tyndare sont alors Hélène « la poursuite de la libération » et Pollux « le tout à fait doux ».

D’autre part, le matricide étant un rejet, par un travail de yoga, de la réalisation qui l’a généré, il indiquerait ici que « la sagesse la plus haute » (Clytemnestre) ne peut plus constituer le but du nouveau yoga.

Le mouvement « d’évolution de la sincérité » se développe en parallèle avec ce qui travaille au passage d’une nouvelle porte vers l’union (Oreste est élevé avec son ami Pylade).

Cette découverte de l’orientation du nouveau chemin correspond au moment exact où, après une longue « errance », le chercheur est allé puiser dans les profondeurs du subconscient vital aux mémoires de l’évolution (Ménélas revient d’Égypte muni d’une antique connaissance qu’il a recueillie sur les bords du fleuve Egyptos selon les indications de Protée) (voir ci-dessous).

Les crimes de sang dans la famille proche, indiquant un écart hors de la voie juste, impliquent l’intervention des Érinyes, celles qui remettent dans le droit chemin (Ρ+Ν). À ce tournant du yoga qui impose de quitter les chemins balisés, il y a donc nécessairement un crime de sang qui doit recevoir l’aval des dieux. L’histoire d’Eschyle, si l’on admet que ce dernier était un initié malgré ses dires, laisse entendre que certaines puissances du surmental ne sont plus compétentes pour donner un tel aval (ni Apollon, ni Athéna, c’est-à-dire ni la lumière psychique, ni le maître intérieur, ne peuvent ou ne veulent cautionner cette action – « purifier » le héros).

Le chercheur doit donc désormais se diriger selon ses propres perceptions de la Vérité. Ce qui signifie un tâtonnement presque permanent dans ce nouveau yoga du corps. La force qui veille à la croissance sur le chemin est cependant active pour sanctionner ou arbitrer en dernier ressort en faveur du juste mouvement, ce qui équivaut à une « purification » (Athéna trancha en faveur d’Oreste).

Les Érinyes sont nées du sang d’Ouranos (elles sont issues de l’essence de l’Esprit) et demeurent dans l’Érèbe (dans le mouvement de l’incarnation en Vérité). Elles sont donc des symboles de la « conscience exacte », des moyens d’action de la Vérité la plus haute. Elles seront désormais garantes des nécessaires redressements décrétés par le corps du chercheur lui-même dans la nouvelle voie de divinisation de la matière (Athéna calma la fureur des Érinyes en leur assurant qu’elles seraient, dans le nouvel ordre, garantes du châtiment décrété par l’État).

Sophocle insiste dans ses pièces sur le rôle des lois « en or » qui gouvernent la matière (les lois vraies du corps) pour aider à éclairer le chemin, au détriment des lois que l’habitude nous fait considérer comme absolues depuis des millénaires (Chrysothémis met en valeur Électre).

Seules des sources tardives (Apollonios et Pausanias) donnent des indications sur les enfants d’Oreste « l’évolution de l’intégrité ou de la sincérité » et d’Hermione « l’évolution juste de la consécration » :

  • Tisaménos « celui qui paye ce qu’il doit » ou « s’acquitte d’une obligation ». Ce personnage fait sans doute référence à la tâche que l’âme s’est fixée dans cette incarnation ou à une résolution de karma. Il s’agirait alors, à ce stade du yoga, du karma collectif humain et non du karma individuel qui a été définitivement dénoué avec la fin de l’ego.
  • Penthilos « la liberté par la souffrance ». C’est un fils bâtard d’Oreste « l’évolution de l’intégrité ou de la sincérité » et d’Érigone « ce qui naît avec force » qui nous fait comprendre que le yoga du corps implique la traversée de la souffrance. Non pas une souffrance recherchée en vue de la libération (celle de Penthée « la douleur » qui refusait l’appel de Dionysos « le chemin ensoleillé »), mais la souffrance subie par la nécessité de transformation du corps.

Mentionnons aussi un texte d’Hygin qui donne à Égisthe un fils nommé Alétès tué par Oreste. Ce dernier aurait aussi assassiné sa sœur Érigone si Artémis ne l’avait enlevée pour en faire une prêtresse à Athènes.

Alétès « l’errance » souligne la période d’indécision du chemin durant le règne d’Égisthe. C’est « l’évolution juste de l’intégrité » qui met fin à cette errance, tandis que « ce qui naît avec force » devient l’intermédiaire avec l’esprit dans la poursuite de la quête.

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