LES DOUZE DIEUX DE L’OLYMPE

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Les douze dieux de l’Olympe sont les puissances du plan du surmental qui veillent à l’évolution de l’humanité dans sa phase mentale de développement.

Les dieux assistant à la naissance d'Athéna - Musée du Louvre

Les dieux assistant à la naissance d’Athéna – Musée du Louvre

Souviens-toi qu’en toi se trouvent tous les dieux de l’Olympe
Origène

Tu dois apprendre à supporter tous les dieux en toi et ne jamais vaciller sous leur irruption ni te briser sous leur poids
Sri Aurobindo

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Au-dessus des dieux grecs de l’Olympe, il y a deux niveaux dans la hiérarchie des acteurs de la mythologie : celui des Titans et celui de la trilogie primordiale Gaia-Ouranos-Éros. En fait, Hésiode décrit, encore au-dessus, les tout premiers niveaux d’émergence du Chaos, mais nous les laisserons de côté pour le moment, car ils appartiennent aux plans hors « manifestation ».
Il aurait donc été logique de commencer l’étude des mythes par l’histoire des origines, puis de décrire les différentes branches issues des Titans, avant de parler de leurs enfants, les dieux. Toutefois, il a semblé préférable de commencer par des notions d’un abord plus facile, les dieux de l’Olympe.
Avant d’étudier leur symbolisme en détail, nous devons situer leur place dans la structure mythologique pour bien comprendre leur fonction.
Le niveau de la trilogie suprême est Existence (Gaia)-Conscience (Ouranos)-Félicité (Éros). La mutation de sens du couple Conscience/Existence vers le couple Esprit/Matière ou Esprit/Nature se produit lorsque sont mises en mouvement les puissances de création, les Titans, qui soutiennent et organisent celle-ci.

A la génération suivante, celle des dieux, cette création est « mise en forme ». Chacun d’eux en représente une loi. Il ne s’agit pas encore ici de formes vitales et matérielles, lesquelles n’apparaissent qu’au dernier niveau de densification, mais bien plutôt de formes mentales, ou archétypales.
Les dieux ont donc pouvoir sur la vie et sur la matière, car ils représentent les lois qui « encadrent » les formes. L’idée précédant la forme, ils sont en résonance avec le monde mental, à son plus haut niveau.

Les dieux ne sont donc pas des puissances créatrices. C’est pourquoi la mythologie nous dit que l’univers, la nature et les hommes existaient avant eux, du moins hors de leur influence. Il fut même un temps où les hommes vivaient sous le règne des Titans et de leur chef Cronos. C’était le temps de l’Âge d’Or, de l’enfance de l’humanité.
Zeus, le maître de l’Olympe, est, au plus haut niveau mental – le surmental -, un agent transmetteur des puissances supérieures. C’est pourquoi il détient la foudre et le tonnerre, symboles de la fulgurance et de la puissance de la Conscience suprême, qui lui ont été donnés par les Cyclopes, eux-mêmes symboles de l’omnipotence et de l’omniscience de l’Absolu. Ces attributs ne prennent pas leur source en lui : il n’en a que l’usage.

Le règne des dieux commença à l’issue victorieuse de leur combat contre les Titans, lesquels furent relégués dans le Tartare : cette victoire marquait la nouvelle prépondérance du mental dans l’humanité. Mais l’histoire de la Terre se rejoue en chaque homme. Cette victoire des dieux, c’est l’entrée dans l’âge de raison, au sortir de la petite enfance qui est elle-même une période dominée par les forces vitales durant laquelle les puissances de création s’expriment avec un contrôle mental limité, bien que progressif.

A leur tour, dans une phase future de l’évolution humaine, les dieux devront céder la place : c’est le sens de l’histoire du deuxième enfant de Métis que Zeus voulait empêcher de naître, car sa grand-mère Gaia « la Terre » avait prédit que cet enfant le détrônerait.
Cette annonce du dernier bouleversement des puissances régnantes faisait suite à une longue série. En tout premier, l’Esprit (Ouranos), régnait sur la Nature : selon Hésiode « en premier lieu, Gaia fit naître, égal à elle-même – il fallait qu’il pût la cacher, l’envelopper entièrement -, Ouranos le ciel étoilé, afin qu’il fût, pour les dieux bienheureux, séjour à jamais stable ». Cette période correspond à « la mise en place » des puissances de l’Esprit qui devait précéder la gestation de l’humanité.

Puis Ouranos se fit détrôner par ses enfants les Titans – les puissances de création -, qui dominèrent sans partage lors de la phase de l’enfance de l’humanité.
Enfin les Titans durent céder la place à leurs enfants, les dieux, qui ont la responsabilité de la croissance de la conscience humaine, et plus particulièrement de la conscience mentale, tant que Métis « l’Intelligence divine », mère d’Athéna, sera confinée dans le sein de Zeus.
De même, dans le processus évolutif à venir, les dieux devront tout d’abord reconsidérer l’ordre de préséance : Apollon et Artémis, devenus de plus grands dieux que les enfants de Zeus et Héra, s’assureront une position dominante lorsque l’ « être psychique » prendra la direction de l’être. (Le « psychique » désigne le quatrième corps, après le physique, le vital et le mental, qui grandit autour du germe de l’« âme ».)
Puis, dans un second temps, les dieux devront s’effacer devant « l’enfant à venir » de Zeus et Métis.

Si les dieux n’appartiennent pas au monde créateur, ils se tiennent donc sur le plus haut niveau du plan mental, plan que Sri Aurobindo nomme le « surmental ». C’est un niveau accessible à l’homme et c’est pour cette raison qu’il doit conquérir tous les plans du mental à la suite des grands héros, devenant l’égal des dieux. C’est pourquoi nous verrons ces derniers s’immiscer dans les combats de la guerre de Troie et même y être blessés, et le plus grand des héros, Héraclès, les affronter.

Avant d’étudier chacun d’eux en détail, il convient de se demander quel crédit accorder à la parole d’Origène « Souviens-toi qu’en toi se trouvent tous les dieux de l’Olympe », ou si, d’une manière plus générale, les puissances de l’Esprit sont en nous ou extérieures à nous.
Les initiés s’entendent pour affirmer que le mental logique nous conduit à séparer ce qui est UN. L’Absolu, par définition, est la totalité, car rien ne peut être en dehors de Lui et Il ne peut donc être divisé. Le rapport de l’homme aux dieux est donc le même que celui de son rapport à la Vérité suprême : il a tendance à considérer l’Absolu comme extérieur tant qu’il n’a pas eu au moins un contact avec Lui. Lorsque l’union est réalisée, la question ne se pose plus.

Les caractéristiques des dieux, proches des nôtres à bien des égards, devaient les rendre accessibles afin de faciliter l’intégration des forces correspondantes.
Tant que l’homme a besoin de craindre pour restreindre ses pulsions et marcher vers le but qu’il appelle « amour », alors les dieux sont des puissances extérieures à lui qui le gouvernent et dont il est le jouet. En revanche, lorsqu’il a gravi tous les échelons du mental jusqu’au surmental, alors ces puissances deviennent ses serviteurs, en lui-même.
Voilà pourquoi les plus grands héros qui représentent les chercheurs spirituels les plus avancés, tel Héraclès à la fin de ses « travaux », se battent avec les dieux : ils sont parvenus au même niveau qu’eux. Cet apprentissage de la maîtrise peut cependant entraîner des erreurs passagères, car certains dieux seront blessés par Héraclès ou durant la guerre de Troie. Ultimement, les dieux seront des puissances à notre disposition, car chacun de nous est un héros en devenir.

Si l’humanité dans son enfance a pu approcher l’Absolu par la maîtrise des forces de la nature en s’appuyant sur ceux qui les représentèrent (les Titans durant l’Âge d’Or), elle doit, dans la phase présente de sa maturation mentale, faire l’expérience du monde des dieux, et dépasser le plan mental en apprenant à en être le maître.

Tandis que les « mortels » correspondent aux états de conscience qui se vivent comme « séparés » et sont le plus souvent transitoires et sans contact avec l’âme, les « immortels » sont des états de conscience unis à l’Absolu, ou du moins évoluant dans un autre espace-temps que le nôtre. Car ces « immortels » sont des enfants de Cronos, le Titan qui, en limitant le pouvoir de création infini – en tranchant les organes génitaux de son père Ouranos – a borné l’espace afin qu’une création puisse être, afin de permettre le Devenir.
Contrairement aux héros, ils ne représentent pas un cheminement jalonné d’expériences, mais des forces en croissance dans l’homme. Celui-ci n’a donc pas la possibilité de les annuler en lui, mais peut seulement devenir leur égal, et même, s’élever au-dessus d’eux.
Leur boisson et leur nourriture, le nectar et l’ambroisie, garantissent cette immortalité. En fait, lorsqu’ils en sont privés en cas de parjure, ils ne meurent pas mais tombent dans une grande torpeur, c’est-à-dire sans pouvoir d’expression : ils ne se manifestent plus au chercheur si la force de Vérité que celui-ci a contactée au plus près du corps (selon le serment prêté par le dieu avec l’eau du Styx) est abandonnée ou trahie.
Leur sang est l’ichor, Χ+Ρ, car leur « essence » et leur moteur est « l’exactitude ».
Leurs interventions revêtent des formes variées symboliques, humaines, animales et même minérales (telle une pluie d’or), ou encore se manifestent par des songes. Ces formes sont adaptées à la vie du chercheur et lui sont donc en général compréhensibles. Certains dieux ont la capacité d’agir en vue d’un but lointain (par exemple Apollon « celui qui frappe au loin »). Ils peuvent bien sûr aussi aider ou mettre des obstacles sur notre chemin à notre insu.
Ils entendent les prières des mortels : si le chercheur sollicite ces forces en lui avec sincérité, il obtiendra une réponse.

Les dieux représentent donc non seulement des principes ou archétypes, mais aussi des forces qui sont en nous et que nous pouvons mobiliser. Elles agissent en nous, parfois consciemment, parfois de façon subconsciente, faisant pression et nous appelant à la transformation, mais nous laissant libres de notre réponse.
À un certain niveau d’évolution, le chercheur devra apprendre à équilibrer leur influence en lui, sous la direction de l’être psychique.
Il ne faudra jamais oublier en effet que la plupart des dieux « grandissent », c’est-à-dire que les forces correspondantes, lorsqu’elles s’éveillent en nous, ne sont pas pleinement actives, mais croissent au rythme de nos expériences. Ainsi les interventions de Zeus ne signifient aucunement que le chercheur, au stade considéré du chemin, est parvenu au plan du surmental, mais seulement qu’il en reçoit une impulsion. De même, Aphrodite, fille de Dioné, symbolise l’amour évoluant vers l’Union.

Chacun pourra ressentir, lors de cette étude des dieux, ce qui fait écho en lui. Les indications données à la fin de la présentation de chaque dieu sont d’ordre général. Les dieux avec lesquels chacun aura le plus de mal à se sentir en affinité correspondent sans doute aux forces qui doivent être développées.

La signification et les attributs des dieux donnés par la religion, c’est-à-dire destinés à ceux qui considèrent les dieux comme des puissances extérieures à l’homme, ne seront pas approfondis dans cet ouvrage, car ils relèvent davantage d’une étude sociologique de la religion et des rites de la Grèce ancienne.
Prenons l’exemple du dieu de la guerre Arès, réputé assoiffé de carnages et de sang : par l’homme religieux, il est craint, et même fui. Très peu de fêtes sont célébrées, très peu d’autels élevés en son honneur et presque jamais on ne lui adresse des prières.
En revanche, pour le chercheur de Vérité, il représente la force du mouvement divin qui, en soi, tranche, ou à l’extérieur, détruit, lorsque cela s’avère nécessaire. C’est une force indispensable au yoga, qui oblige à choisir ce qui va dans le sens de notre Vérité intérieure, en repoussant tout ce qui nous en écarte. Pour l’ego, elle est une source de souffrance, car elle va à l’encontre de nos désirs et de notre bien-être apparent. C’est pourquoi il est dit qu’Arès se délecte de l’odeur du sang. Mais plus le chercheur progresse sur le chemin, plus son action est appréciée.

LES 12 DIEUX DE L’OLYMPE

Voir Arbre généalogique 17

D’une manière générale, on peut considérer que le monde des dieux comprend tous les enfants des Titans, c’est-à-dire la troisième génération divine. La plupart des Titans n’eurent qu’une progéniture relativement peu nombreuse, mais le couple Océanos-Téthys engendra, dit-on, plus de trois mille enfants, symbolisés par les fleuves et les rivières.
Mais seuls quelques dieux ont un rôle majeur dans les mythes, et douze d’entre eux une place privilégiée, car ils siègent avec Zeus sur l’Olympe, le lieu le plus près de l’Esprit au-delà du mental.

Si les Grecs ont choisi ce nombre, c’est sans doute parce que le douze est le symbole de la perfection dans l’exécution, de la création parfaite.
Le douze peut aussi être considéré comme l’alliance du cinq et du sept, ces deux nombres caractérisant dans l’Arbre de Vie respectivement le monde des formes et le monde de création. Leur combinaison donne par exemple la gamme de musique occidentale avec les sept tons et cinq demi-tons dans la suite que l’on connaît. Nous verrons que les Grecs ont aussi utilisé ce nombre pour classer les douze enfants du roi des vents Éole – sept garçons et cinq filles – dans la descendance desquels figurent les conquêtes sur le plan mental.

La liste canonique des dieux de l’Olympe comprend six dieux et six déesses. Cependant, les anciens Grecs ont pris une certaine liberté avec elle, selon les lieux de culte. Par exemple, à Olympie, la liste intégrait Dionysos et les Kharites. Nous n’étudierons dans ce chapitre que celle qui fut retenue par Athènes et nous nous intéresserons aux autres dieux, Hadès, Dionysos, etc. dans les chapitres qui suivent.
Il faut toutefois noter qu’Héraclès, dans la tradition primitive, n’a jamais accédé à l’Olympe, mais a rejoint à sa mort, comme tous les mortels, le royaume d’Hadès, lieu « de l’union » dans l’inconscience matérielle. De même, la tradition qui fit de Dionysos un dieu de l’Olympe est assez tardive.

Les six dieux et six déesses de l’Olympe peuvent être placés sur le cercle zodiacal de telle façon que les deux aspects ou polarités complémentaires d’une même énergie se correspondent deux à deux. Dans l’étude d’un dieu, il faudra donc toujours garder en mémoire le symbolisme de celui qui se trouve à l’opposé sur le cercle.

Voir Arbre généalogique 18